30 mars. – Gelée.

J’étais donc entré dans le cabinet de Cyril Matvéitch. Je donnerais une forte somme à celui qui me montrerait aujourd’hui mon propre visage au moment où ce notable employé croisa vivement les pans de sa robe de chambre persane, et s’approcha de moi en me tendant les bras. Tout mon être respirait sans doute un triomphe modeste, une sympathie indulgente, une générosité infinie… Je me comparais intérieurement à Scipion l’Africain. Ojoguine était visiblement troublé et chagrin, il fuyait mon regard, et sans cesse remuait ses pieds. Je remarquai qu’il parlait plus haut que cela ne lui était naturel, et qu’il employait en général des expressions indécises. Il m’avait demandé pardon en termes fort vagues, mais chaleureux ; il avait fait vaguement allusion à son hôte absent en ajoutant quelques observations incohérentes sur les déceptions et les vicissitudes des félicités humaines ; puis, sentant tout à coup qu’il lui était venu une larme à l’œil, il s’était hâté de prendre du tabac, probablement pour me donner le change quant à la raison qui le faisait pleurer… Il employait le tabac vert russe, et on sait que cette plante fait larmoyer même les vieillards, et donne pour quelques instants à l’œil humain une expression trouble et stupide. Je mis naturellement beaucoup de prudence dans mon attitude vis-à-vis du vieil Ojoguine ; je lui demandai des nouvelles de la santé de sa femme et de sa fille, et détournai aussitôt habilement la conversation sur une certaine question d’agronomie domestique. J’étais habillé comme de coutume, mais les sentiments de douce convenance et d’indulgente modestie dont je me sentais animé me donnaient une sensation de fraîcheur et de fête, comme si j’avais été en gilet blanc et en cravate blanche. Une seule chose m’agitait : la pensée de me retrouver avec Lise… Ojoguine me proposa enfin de me conduire lui-même auprès de sa femme. Cette créature sotte, mais bonne, fut d’abord terriblement confuse en me voyant, mais sa cervelle n’était pas capable de conserver longtemps une seule et même impression ; aussi se calma-t-elle bientôt. Je vis enfin Lise… Elle entra dans la chambre. Je m’attendais à trouver en elle une pécheresse confuse et repentante, et j’avais donné d’avance à ma physionomie son expression la plus aimable et la plus encourageante… Pourquoi mentir ? je l’aimais sincèrement et soupirais avec ardeur après le bonheur de lui pardonner et de lui tendre la main… Mais jugez de mon inexprimable étonnement lorsqu’elle ne répondit que par un éclat de rire glacé à mon salut significatif ! Elle me dit d’un air négligent ; « Ah ! c’est vous ? » et se détourna aussitôt. Il est vrai que son rire me parut forcé, et que dans tous les cas il s’accordait mal avec son visage amaigri.

…Je ne m’étais certes pas attendu à une réception pareille… Je la contemplais avec surprise… Quelle altération dans toute sa personne ! Il n’y avait plus rien de commun entre cette femme et l’enfant des premiers jours. Elle avait pour ainsi dire grandi, sa taille s’était allongée ; tous les traits de sa figure, ses lèvres surtout, avaient pris des contours plus accusés… Le regard était plus profond, plus ferme et plus sombre. Les vieux Ojoguine me retinrent à dîner. Lise se levait, sortait de la chambre, revenait, répondait tranquillement à mes questions, et évitait à dessein de faire attention à moi. Je voyais qu’elle voulait me faire sentir que je n’étais pas même digne de sa colère, quoique j’eusse failli tuer l’homme qu’elle aimait. Je perdis enfin patience, une allusion empoisonnée s’échappa de mes lèvres… Elle tressaillit, me lança un regard rapide, se leva, et, s’approchant de la fenêtre, me dit d’une voix légèrement émue : « Vous pouvez penser tout ce qu’il vous plaira, mais sachez que j’aime cet homme, que je l’aimerai toujours, et que je ne le considère nullement comme coupable envers moi, au contraire… » Sa voix faiblit, elle s’arrêta, chercha à se vaincre, mais n’y réussit pas, et sortit de la chambre en fondant en larmes. Les vieux Ojoguine perdirent toute contenance ; je leur tendis mes deux mains, poussai un soupir, levai les yeux au ciel et m’enfuis…

Ma faiblesse est trop grande, mon temps trop limité, pour que je puisse décrire avec les mêmes détails la nouvelle phase de pénibles considérations, de fermes desseins et d’autres aménités que fit naître la lutte intérieure à laquelle je fus livré dès la reprise de mes rapports avec les Ojoguine. Je savais, à n’en pas douter, que Lise aimait toujours, qu’elle aimerait longtemps le prince ; mais, en homme dompté par sa propre volonté non moins que par les circonstances extérieures, j’en étais venu à ne plus même attendre son amour. Je souhaitais seulement son amitié ; je désirais obtenir cette confiance, cette estime que les gens expérimentés ont l’habitude de considérer comme le support le plus assuré du bonheur domestique… Malheureusement je ne tenais pas compte d’un fait assez grave, – la haine que Lise m’avait vouée depuis le jour du duel. Je m’en aperçus trop tard. J’avais recommencé à fréquenter la maison des Ojoguine comme par le passé. Cyril Matvéitch était celui qui me caressait le plus, j’ai même des raisons de croire qu’il m’aurait donné sa fille avec plaisir, quoique je ne fusse pas un gendre des plus enviables. L’opinion publique s’acharnait contre Lise et contre lui, et me portait au contraire aux nues. Lise ne changeait pas d’attitude à mon égard : elle se taisait la plupart du temps, obéissant quand on l’engageait à manger, ne donnant aucun signe extérieur d’affliction ; mais il était facile de voir qu’elle fondait comme la cire au feu. Il faut rendre justice à Cyril Matvéitch : il la ménageait tant qu’il pouvait. La vieille mère ne faisait que gémir lorsqu’elle regardait sa pauvre enfant. Il y avait un seul être que Lise n’évitait pas, quoiqu’elle ne causât guère avec lui : c’était Besmionkof. Les vieux Ojoguine le recevaient avec une froideur qui ressemblait à de la grossièreté : ils ne pouvaient lui pardonner d’avoir servi de témoin au prince ; mais Besmionkof continuait d’aller chez eux, et semblait ne pas s’apercevoir de leur malveillance. Il était très froid avec moi, – et, chose étrange ! je le craignais presque. Tout cela dura environ quinze jours. À la suite d’une nuit sans sommeil, je m’étais enfin décidé à demander une explication à Lise, à lui découvrir mon cœur, à lui dire que, malgré le passé, malgré tous les bavardages, je me sentirais encore heureux, si elle me trouvait digne d’elle et voulait me rendre sa confiance. Je m’imaginais de bonne foi offrir l’exemple du désintéressement le plus sublime, et croyais que la surprise seule suffirait pour l’amener à donner son consentement. Je voulais, dans tous les cas, avoir une explication avec elle, afin de pouvoir sortir enfin de cette incertitude.

Derrière la maison des Ojoguine s’étendait un jardin d’assez grande dimension, terminé par un bois de bouleaux abandonné et touffu. Une ancienne tonnelle dans le goût chinois s’élevait au milieu du bois. Le jardin était séparé d’une impasse par une palissade en pieux. Lise se promenait souvent dans ce jardin pendant des heures entières. Cyril Matvéitch le savait, et avait défendu de la déranger ou de la suivre, disant que son chagrin passerait avec le temps. Si on ne la trouvait pas dans la maison, on n’avait qu’à sonner la cloche du perron à l’heure du dîner pour la faire arriver aussitôt ; elle revenait, le même silence obstiné aux lèvres et aux yeux, et quelques feuilles froissées à la main. Un jour que j’avais remarqué qu’elle n’était pas dans la maison, je fis semblant de partir. Je traversai l’antichambre et la cour comme pour aller dans la rue, puis je revins rapidement sur mes pas et me glissai dans le jardin. J’eus le bonheur de n’être aperçu de personne. Sans perdre un instant, je m’enfonçai dans le bois à pas précipités. J’aperçus Lise devant moi, au milieu du sentier. Je sentais mon cœur qui battait à se rompre. Je m’arrêtai en soupirant profondément et j’allais enfin m’approcher d’elle, lorsque je la vis tout à coup lever la main sans se retourner et prêter l’oreille à je ne sais quel bruit… Dans la direction de l’impasse retentissent derrière les arbres deux coups distincts, comme si quelqu’un heurtait la palissade. Lise frappe dans la paume de sa main, j’entends le faible grincement de la petite porte et vois Besmionkof qui sort du fourré. Je me cachai à la hâte derrière un arbre. Lise se dirigea vers lui sans parler… Il lui prit silencieusement le bras, et tous les deux se mirent à marcher doucement dans le sentier. Je les suivais des yeux avec ébahissement. Ils s’étaient arrêtés, avaient regardé autour d’eux, s’étaient perdus un instant entre les buissons et avaient reparu de nouveau pour entrer enfin dans la tonnelle. Cette tonnelle était un petit édifice rond muni d’une porte et d’une fenêtre ; une vieille table recouverte d’une mousse fine occupait le centre de ce réduit, deux bancs étaient placés de chaque côté à quelque distance des murs humides et sombres. Autrefois on y prenait le thé par les journées les plus chaudes. La porte était disjointe, les châssis ne tenaient plus depuis longtemps ; accrochés par un seul angle, ils pendaient tristement comme l’aile blessée d’un oiseau. Je m’approchai furtivement de la tonnelle et les épiai avec précaution à travers les fentes de la fenêtre. Lise était assise sur un des bancs et baissait la tête ; sa main droite pendait sur ses genoux, Besmionkof tenait la gauche dans les deux siennes.

– Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? lui demanda-t-il à demi-voix.

– Toujours de même, répondit-elle, ni mieux, ni plus mal… Un vide, un vide affreux ! continua-t-elle en relevant tristement les yeux.

Besmionkof ne lui répondit pas.

– Pensez-vous, reprit-elle, qu’il m’écrive encore ?

– Je ne le pense pas, Lise Cyrillovna ! Elle resta silencieuse.

– Eh ! qu’écrirait-il en effet ? Il m’a tout dit dans sa première lettre. Je ne puis pas être sa femme ; mais j’ai été heureuse…, non pour longtemps…, j’ai été heureuse !

Besmionkof se détourna.

– Ah ! poursuivit-elle avec vivacité, si vous saviez combien ce Tchoulkatourine m’est odieux !… Il me semble toujours que je vois son sang sur les mains de cet homme.

Je frissonnai derrière ma cachette.

– Du reste, continua-t-elle mélancoliquement, qui sait ? peut-être que sans ce duel… Ah ! quand je le revis blessé, je compris que j’étais toute à lui.

– Tchoulkatourine vous aime, dit Besmionkof.

– Qu’est-ce que cela me fait ? Ai-je besoin de l’amour de qui que ce soit ?… – Elle s’arrêta et ajouta lentement : – Sauf le vôtre ; oui, mon ami, votre amour m’est indispensable. Sans vous, j’aurais été perdue… Vous m’avez aidé à supporter des moments affreux…

Elle se tut… Besmionkof lui serrait la main avec une tendresse paternelle.

– Que faire ? que faire, Lise Cyrillovna ? répéta-t-il plusieurs fois de suite.

– Oui, continua-t-elle sourdement, il me semble maintenant que je serais morte sans vous. Vous seul m’avez soutenue, et puis vous me le rappelez…, car vous saviez tout. Vous souvenez-vous combien il était beau, ce jour ?… Mais pardonnez-moi, ces souvenirs doivent vous être pénibles.

– Parlez, parlez, interrompit Besmionkof ; quelle idée est-ce là ! Que Dieu vous bénisse ! Elle lui serra la main.

– Vous êtes bien bon, Besmionkof, poursuivit-elle ; vous êtes bon comme un ange ! Que puis-je faire ? Je sens que je l’aimerai jusqu’au tombeau. Je lui ai pardonné, je lui serai reconnaissante. Que Dieu lui accorde toute félicité ! que Dieu lui donne une femme selon son cœur !

Les yeux de Lise se remplissaient de larmes.

– Pourvu qu’il ne m’oublie pas, pourvu qu’il se souvienne quelquefois de sa Lise !… Sortons d’ici, ajouta-t-elle après un moment de silence.

Besmionkof porta la main de Lise à ses lèvres.

– Je sais, reprit-elle avec chaleur, que tout le monde m’accuse à présent, que tout le monde me jette la pierre. Soit. Je n’échangerais pourtant pas mon infortune contre leur bonheur… Non ! non !… Il ne m’a pas aimée longtemps, mais il m’a aimée ! Il ne m’a jamais trompée, il ne m’a jamais dit que je serais sa femme ; moi-même je n’y ai jamais songé. Mon pauvre père seul avait de l’espoir. Et à l’heure qu’il est, je puis me dire que je ne suis pas encore tout à fait malheureuse ; il me reste le souvenir, et quelles que soient les terribles suites… J’étouffe ici… C’est ici que je l’ai vu pour la dernière fois… Retournons en plein air.

Ils s’étaient levés. J’eus à peine le temps de me jeter à l’écart et de me cacher derrière un gros tilleul. Ils sortirent de la tonnelle et s’enfoncèrent de nouveau dans le bois. Je ne sais combien de temps je restai sans bouger de ma place, plongé dans une espèce de torpeur stupide ; mais le bruit des pas se fit encore entendre. Je me remis à les observer. Besmionkof et Lise revenaient par le même sentier. Ils étaient fort agités tous les deux, Besmionkof surtout. Lise s’arrêta et prononça distinctement les paroles suivantes : « J’y consens, Besmionkof. Je n’aurais pas accepté, si vous aviez seulement voulu me sauver et m’enlever à ma situation pénible ; mais vous m’aimez, vous savez tout, et vous m’aimez. Je ne trouverai jamais un ami plus sûr et plus fidèle ; je serai votre femme. »

Besmionkof lui baisa la main. Elle lui sourit tristement et rentra chez elle. Besmionkof se jeta dans le taillis, et moi… je rentrai chez moi. Ainsi donc Besmionkof avait dit à Lise justement ce que j’aurais voulu lui dire, et Lise lui avait répondu justement ce que j’aurais voulu qu’elle me répondît ; je n’avais plus à m’inquiéter de rien. Lise l’épousa au bout de quinze jours. Les vieux Ojoguine étaient enchantés… et ils avaient raison de l’être.

Eh bien ! dites-le maintenant, ne suis-je pas un homme superflu, un homme de trop ? N’ai-je pas joué dans toute cette histoire le rôle d’un homme de trop ? Quelle stupide cinquième roue de carrosse !… Ah ! c’est amer, bien amer !… Oui, mais comme disent les gens qui traînent les lourds bateaux sur le Volga, encore un coup, un seul petit coup de collier, encore un petit jour et puis un autre, et il n’y aura plus pour moi ni amertume ni douceur.

31 mars.

Je vais mal. J’écris ces lignes dans mon lit. Hier soir le temps a subitement changé ; aujourd’hui il fait chaud, c’est presque une journée d’été. Tout fond, coule et dissout. Une senteur de terre remuée se répand dans l’air ; c’est un parfum chaud, lourd et accablant. La vapeur s’élève de toutes parts. Le soleil vous pique et vous pénètre. Je vais mal. Je sens que je me décompose.

J’ai voulu écrire mon journal, et qu’ai-je fait ? J’ai raconté un seul épisode de ma vie. Je me suis trop laissé aller. Des souvenirs effacés se sont éveillés et m’ont entraîné à leur suite. J’ai écrit sans me hâter. Je suis entré dans mille détails, comme si j’avais encore des années devant moi, et voilà que le temps me manque pour continuer. La mort, la mort approche. J’entends déjà son crescendo menaçant… Il est temps… il est temps !…

Et pourquoi regretter ? Qu’importe ce que je conte ? Cela ne revient-il pas au même ? À la vue de la mort disparaissent les dernières vanités terrestres. Je sens que je m’apaise, que je deviens plus simple et plus naturel. C’est trop tard !… Chose étrange ! je m’apaise certainement, mais en même temps… je suis saisi de terreur…, de terreur, oui. À moitié penché sur l’abîme silencieux et béant, je frémis, je me détourne, je regarde autour de moi avec une attention avide. Chaque objet me devient doublement cher. Je ne puis assez contempler ma pauvre chambre si peu gaie, je prends congé de chaque petite tache sur mes murs ! Rassasiez-vous, mes yeux, pour la dernière fois ! La vie m’échappe ; elle s’éloigne de moi avec une lente régularité, comme le rivage qui fuit le regard du marin. Figure vieille et jaune de ma garde-malade qu’enveloppe un mouchoir foncé, samovar qui chantez sur la table, géraniums qui garnissez ma fenêtre ; toi, Trésor, mon pauvre chien ; toi, plume, avec laquelle je trace ces lignes, mains qui m’appartenez, je vous vois tous à présent… Vous êtes là… vous voilà… Se pourrait-il… qu’aujourd’hui peut-être…, que jamais je ne vous revoie plus ? Il est difficile à un être vivant de se dépouiller de la vie ! Pourquoi me caresses-tu, pauvre chien ? Pourquoi frottes-tu ta poitrine contre mon lit ? Pourquoi serres-tu convulsivement ta queue entre tes pattes, sans pouvoir détacher de moi tes bons yeux mélancoliques ? Me plaindrais-tu ? ou bien sentirais-tu peut-être que ton maître ne sera bientôt plus ? Ah ! que ne m’est-il donné de reporter ma pensée sur tous mes souvenirs, comme je laisse errer mes yeux sur tous les objets de ma chambre !…

Je sais que ces souvenirs sont tristes et insignifiants : mais je n’ai que ceux-là… Un vide, un vide affreux, comme disait Lise…

Mon Dieu ! mon Dieu ! je vais mourir… Ce cœur avide et capable d’amour va bientôt cesser de battre… Est-il possible qu’il se taise à jamais sans avoir une seule fois connu le bonheur, sans s’être dilaté une seule fois sous la douce pression de la joie ! Hélas ! c’est impossible, c’est impossible, je le sais… Si du moins, à cette heure, au moment de la mort, – la mort est pourtant une chose sainte, elle élève le plus petit d’entre nous, – si du moins quelque voix triste et amicale me chantait le chant d’adieu de mes propres douleurs, peut-être me réconcilierais-je avec elles… Mais mourir sourdement, sottement… Je crois que je commence à délirer.

Adieu la vie ! adieu mon jardin, et vous, mes tilleuls ! Quand viendra l’été, n’oubliez pas de vous couvrir de fleurs du haut en bas… Et que ceux qui vivent viennent joyeusement s’étendre sur l’herbe fraîche, à votre ombre odoriférante, au murmure de vos feuilles légèrement agitées par le vent ! Adieu, adieu ! adieu à tous et pour toujours !

Adieu, Lise ! J’ai écrit ces deux mots, et je puis à peine m’empêcher de rire. Cette exclamation me semble tirée d’un livre. J’ai l’air de composer une nouvelle sentimentale, ou de terminer une lettre désespérée…

C’est demain le 1er avril. Se peut-il que je meure demain ? Ce ne serait pas même convenable. Du reste, cela me va… Comme le médecin m’a tracassé aujourd’hui !…

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