XC CÉSAR.

Un mois environ après les événements que nous avons rapportés, dans l’hacienda de la Paloma, deux hommes assis côte à côte au fond d’un bosquet de nopals, causaient vivement entre eux, tout en admirant un magnifique lever de soleil.

Ces deux hommes étaient Valentin Guillois et le comte de Prébois-Crancé.

Les Français assistaient, avec une espèce de recueillement mélancolique, au réveil de la nature ; le ciel était sans nuage, une légère brise embaumée de mille senteurs frémissait doucement à travers les nénuphars aux fleurs jaunes qui bordaient les rives d’un grand lac, sur lequel voguaient nonchalamment d’innombrables troupes de gracieux cygnes à tête noire ; les feux du soleil levant commençaient à dorer la cime des grands arbres, et les oiseaux de toutes sortes, cachés sous la feuillée, saluaient de leurs chants harmonieux la naissance du jour.

Le comte de Prébois-Crancé, inquiet du silence obstiné que gardait Valentin, prit enfin la parole :

– Lorsqu’en me réveillant il y a une heure, fit-il, tu m’as entraîné ici, afin, m’as tu dit, de causer à notre aise, je t’ai suivi sans observation ; voici vingt minutes que nous sommes assis sous ce bosquet, et tu ne t’es pas décidé à t’expliquer, ton silence m’inquiète, frère, je ne sais à quoi l’attribuer ; aurais-tu donc une nouvelle fâcheuse à m’annoncer ?

Valentin releva brusquement la tête.

– Pardonne-moi, Louis, répondit-il, je n’ai aucune nouvelle fâcheuse à t’annoncer, mais l’heure d’une suprême explication entre nous a sonné.

– Que veux-tu dire ?

– Tu vas me comprendre. Lorsque, il y a un an, dans ton hôtel des Champs-Élysées, réduit au désespoir et résolu à te réfugier dans la mort, tu me fis appeler, je m’engageai, si tu voulais vivre, à te rendre ce que tu avais perdu, non par la faute, mais à cause de ton inexpérience ; tu as eu foi en moi : sans hésiter tu as abandonné la France, tu as dit pour toujours adieu à la vie de gentilhomme, et tu m’as résolument accompagné en Amérique ; maintenant c’est à moi à accomplir à mon tour les promesses que je t’ai faites.

– Valentin !

– Écoute-moi, tu aimes doña Rosario, je suis certain que de son côté elle éprouve pour toi un amour vrai et profond ; les services que nous avons rendus à son père nous autorisent aujourd’hui à tenter auprès de lui une démarche qu’il attend, j’en suis convaincu, et dont le résultat doit enfin te rendre heureux pour toujours. Cette démarche, que je ne voulais pas risquer sans t’en avoir parlé d’abord, je vais ce matin la faire et m’expliquer franchement avec don Tadeo.

Un sourire triste plissa les lèvres du jeune homme, il laissa tomber sans répondre la tête sur sa poitrine.

– Qu’as-tu donc ? s’écria Valentin avec inquiétude, d’où provient que cette résolution, qui doit combler tous tes vœux, te plonge dans la douleur ? explique-toi, Louis ?

– À quoi bon m’expliquer ? pourquoi parler aujourd’hui à don Tadeo ? qui nous presse ? répondit évasivement le jeune homme.

Valentin le regarda avec étonnement en hochant la tête, il ne comprenait rien à la conduite de son ami ; cependant il résolut de le pousser dans ses derniers retranchements.

– Voici pour quelle raison : je veux assurer ton bonheur le plus tôt possible, dit-il ; la vie que depuis un mois je mène dans cette hacienda me pèse ; depuis mon arrivée en Amérique, mon caractère s’est modifié, la vue des grandes forêts, des hautes montagnes, enfin de toutes ces magnificences sublimes que Dieu a jetées à pleines mains dans le désert, ont développé les instincts de voyageur que je portais en germe au fond de mon cœur ; les péripéties toujours nouvelles de la vie d’aventure que je mène depuis quelque temps me font éprouver des voluptés sans bornes ; en un mot, je suis devenu un passionné coureur des bois, et j’aspire après le moment où il me sera permis de reprendre mes courses sans but dans le désert.

Il y eut un silence.

– Oui, murmura le comte au bout d’un instant, cette vie est pleine de charmes.

– Voilà pourquoi il me tarde de me lancer de nouveau dans ces courses fiévreuses.

– Qui nous empêche de les reprendre ?

– Toi, pardieu !

– Tu te trompes, frère, je suis aussi fatigué que toi de la vie que nous menons, nous partirons quand tu le voudras.

– Ce n’est pas ainsi que je l’entends ; sois franc avec moi, il est impossible que l’ardent amour que tu éprouvais pour doña Rosario se soit ainsi évanoui tout à coup !

– Qui te fait supposer que je ne l’aime pas ?

– Voyons, reprit Valentin, finissons-en, si tu aimes doña Rosario, pourquoi veux-tu partir et refuses-tu de l’épouser ?

– Ce n’est pas moi qui refuse ! murmura le jeune homme en soupirant, c’est elle.

– Elle ! oh cela n’est pas possible.

– Frère, il y a longtemps déjà, le lendemain même de la nuit où à Santiago nous l’avions délivrée des mains des bandits qui l’enlevaient, elle-même m’a dit que jamais nous ne serions unis, elle m’a ordonné de fuir sa présence en exigeant ma parole de ne jamais chercher à la revoir ! Pourquoi me bercer d’une folle chimère ! tu le vois, frère, il ne me reste aucun espoir.

– Peut-être ! tant de choses se sont passées depuis cette époque, que les intentions de doña Rosario se sont sans doute modifiées !

– Non, répondit le comte avec tristesse.

– Qui te le fait supposer ?

– Sa froideur, son indifférence pour moi, le soin qu’elle met à m’éviter, tout enfin me prouve que je n’ai que trop longtemps prolongé mon séjour ici, et que je dois m’éloigner.

– Pourquoi ne pas t’expliquer avec elle ?

– J’ai juré, quoi qu’il m’en coûte, j’accomplirai mon serment.

Valentin baissa la tête sans répondre.

– Je t’en supplie, reprit le comte, ne restons pas ici davantage ; la vue de celle que j’aime accroît encore ma douleur.

– Tu as bien réfléchi ?

– Oui ! fit résolument le jeune homme.

Valentin secoua tristement la tête.

– Enfin ! dit-il, que ta volonté soit faite, nous partirons donc !

– Oui, et le plus tôt possible, n’est-ce pas ? dit Louis avec un soupir involontaire.

– Aujourd’hui même ; j’attends Curumilla que j’avais prié d’aller chercher les chevaux au posta. Dès qu’il sera de retour, nous nous mettrons en route.

– Et nous retournerons à la tolderia de la tribu du Grand Lièvre, où nous pourrons encore vivre heureux.

– Bien pensé, de cette façon, notre existence ne sera pas inutile, puisque nous aiderons au bonheur de ceux qui nous entoureront.

– Et qui sait ? dit en souriant Valentin, nous deviendrons peut-être des guerriers célèbres en Araucanie.

Louis ne répondit à cette plaisanterie que par un soupir qui n’échappa pas à son ami.

– Oh ! murmura Valentin à voix basse, malgré lui il faut qu’il soit heureux !

Curumilla et Trangoil Lanec parurent au loin dans un nuage de poussière, galopant vers l’hacienda avec plusieurs chevaux.

Les deux hommes se levèrent pour aller à leur rencontre.

À peine avaient-ils quitté le bosquet et s’étaient-ils éloignés de quelques pas que les branches s’écartèrent, et doña Rosario parut.

La jeune fille s’arrêta un instant pensive, suivant du regard les deux Français qui marchaient tristes et sombres.

Soudain elle releva la tête d’un air mutin, son œil bleu s’éclaira d’un rayonnement céleste, un sourire plissa ses lèvres roses, elle murmura :

– Nous verrons !

Et elle rentra dans l’hacienda en bondissant comme une biche effarouchée.

Tous les matins à huit heures, dans les pays hispano-américains, la cloche sonne pour rassembler à une même table les habitants d’une hacienda, depuis le propriétaire qui s’assied au centre jusqu’au dernier péon qui se place modestement au bas bout.

Le déjeuner est l’heure choisie pour se voir, s’adresser les souhaits de bonne santé, avant que de commencer les rudes labeurs du jour.

Au premier coup de cloche don Tadeo descendit dans la salle et se tint debout devant la table ; sa fille était à sa droite, il saluait d’un sourire ou d’une parole amicale chacun des employés de la ferme à mesure qu’ils entraient.

Les derniers arrivés furent les Français ; don Tadeo leur serra la main, s’assura d’un coup d’œil que personne ne manquait à la réunion, se découvrit, mouvement imité par tous les assistants, et prononça lentement le benedicite ; puis, sur un signe de lui, chacun prit place.

Le repas fut court.

Il dura à peine un quart-d’heure.

Les peones retournèrent à leurs travaux sous les ordres du majordome.

Don Tadeo fit servir le maté.

Il ne restait dans la salle que don Tadeo, sa fille, les deux chefs indiens et César – s’il est permis de compter un chien dans une réunion, – le noble animal était couché aux pieds de doña Rosario.

En quelques instants le maté eut fait le tour de la compagnie.

Sans cause apparente, un silence pénible pesait sur la réunion. Don Tadeo réfléchissait, doña Rosario roulait distraitement dans ses doigts mignons, aux ongles roses, les longues oreilles du chien qui avait posé sa bonne grosse tête sur ses genoux et fixait sur elle ses grands yeux intelligents.

Le comte et son frère de lait ne savaient comment entamer la conversation.

Enfin, Valentin résolu à sortir de cette fausse position, se décida à prendre la parole.

– Eh bien ! dit-il, quelle réponse comptez-vous faire à don Gregorio Peralta, don Tadeo ?

– Celle que vous connaissez, mon ami, fit don Tadeo en se tournant vers lui. Le Chili, débarrassé désormais de l’homme qui l’entraînait à sa perte, n’a plus besoin de moi ; je ne veux plus m’occuper de politique ; assez longtemps j’ai usé ma vie au labeur ingrat que je m’étais imposé pour assurer l’indépendance de ma patrie et la délivrer de l’ambitieux qui voulait l’asservir ; j’ai accompli ma tâche ; l’heure du repos a sonné pour moi ; je refuse péremptoirement la présidence que m’offre don Gregorio au nom du peuple, pour me consacrer tout entier au bonheur de ma fille.

– Je ne puis blâmer votre résolution ; elle est noble et belle, don Tadeo ; elle est digne de vous, répondit le comte.

– Et, reprit Valentin, expédierez-vous bientôt cette réponse ?

– Dans quelques instants ; mais pourquoi cette question, je vous prie ?

– Parce que, répondit Valentin, mon ami et moi nous nous chargerons, si vous le voulez, de la faire parvenir à son adresse.

Don Tadeo fit un geste d’étonnement.

– Comment cela ? s’écria-t-il ; que voulez-vous dire ? Songeriez-vous à nous quitter ?

Un triste sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme ; la glace était brisée, il fallait s’exécuter bravement, il n’hésita pas.

– Dieu m’est témoin, dit-il en secouant la tête, que le plus ardent de mes désirs serait de rester ici.

– Oui, interrompit le comte, en jetant malgré lui un regard à la dérobée sur doña Rosario qui semblait ne s’occuper nullement de ce qui se disait, oui, nous ne nous sommes que trop longtemps oubliés dans votre charmante retraite ; cette vie délicieuse nous énerve, si nous ne nous hâtions de nous en arracher, il nous deviendrait bientôt impossible de le faire.

– Il faut que vous partiez ? répéta don Tadeo dont le visage se rembrunit et les sourcils se froncèrent ; pourquoi donc cela ?

– Ne savez-vous pas, répondit Louis qui reprenait courage devant l’insouciance apparente de la jeune fille, que lorsque pour la première fois nous avons eu le bonheur de vous rencontrer…

– Bonheur pour moi, interrompit vivement don Tadeo.

– Soit, continua Valentin venant en aide à son ami, nous étions à la recherche de la fortune ; eh bien, fit-il gaiement, maintenant que, grâce à Dieu, notre secours ne vous est plus nécessaire, nous ne voulons pas abuser plus longtemps de la gracieuse hospitalité que vous nous avez donnée…

– Qu’est-ce à dire ? s’écria don Tadeo en se levant ; qu’appelez-vous abuser de mon hospitalité ? pourquoi prendre avec moi d’aussi futiles prétextes ?

– Il faut que nous partions, répéta froidement le jeune homme.

– Oh ! je ne puis croire que ce soit la soif de l’or qui vous pousse à me quitter. Votre cœur est trop haut placé pour que cette odieuse passion s’en soit emparée. S’il en était ainsi, que ne parliez-vous ? Grâce à Dieu, je suis assez riche pour vous donner plus de ce misérable métal que dans vos rêves insensés vous n’avez cru en posséder jamais.

– Don Tadeo, vous nous avez bien jugés, répondit noblement le comte ; ce n’est pas la soif de l’or qui nous pousse, puisque notre intention en vous quittant est de nous retirer parmi les Indiens puelches.

Don Tadeo fit un mouvement de surprise.

– Ne prenez pas une mauvaise opinion de nous, continua chaleureusement le jeune homme, croyez que si un motif puissant ne nous obligeait pas à nous éloigner, moi, du moins, je serais heureux de rester auprès de vous, que j’aime et que je respecte comme un père.

Don Tadeo marchait avec agitation dans la salle ; au bout de quelques minutes il s’arrêta devant le comte.

– Ce motif, lui demanda-t-il affectueusement, pouvez-vous me le faire connaître ?

La jeune fille tendit curieusement la tête.

– Je ne le puis, murmura Louis en courbant le front.

Doña Rosario haussa les épaules d’un air dépité.

Aucune de ces nuances presque imperceptibles n’avait échappé au regard inquisiteur de Valentin.

– Fort bien, caballero, reprit don Tadeo avec une dignité froide et un accent blessé ; vous et votre ami êtes libres d’agir comme bon vous semblera. Pardonnez-moi les questions que je vous ai adressées, mais votre résolution, que je cherche en vain à m’expliquer, brise sans retour un espoir bien cher que j’aurais été heureux de voir se réaliser : je me suis trompé, n’en parlons plus ; Dieu n’a-t-il pas dit : ouvre toute grande la porte de ta maison à l’hôte qui veut entrer et à celui qui veut sortir ; voici ma lettre pour don Gregorio Peralta : quand désirez-vous partir ?

– À l’instant même, répondit le comte en prenant la lettre d’une main tremblante ; mon ami et moi nous avions l’intention de vous faire nos adieux immédiatement après déjeuner.

– Oui, continua Valentin qui s’aperçut que son frère de lait, vaincu par l’émotion, ne pouvait continuer, nous voulions vous prier d’agréer nos remercîments pour l’amitié que vous avez daigné nous témoigner et vous assurer que de loin comme de près votre souvenir sera toujours vivant au fond de nos cœurs.

– Adieu donc ! dit don Tadeo avec émotion, Dieu veuille que vous retrouviez autre part le bonheur qui vous attendait ici !

Valentin s’inclina sans répondre : les larmes l’étouffaient ; il craignait de n’avoir pas la force d’accomplir son triste sacrifice.

Le comte se tourna vers doña Rosario :

– Adieu ! señorita murmura-t-il d’une voix entre-coupée, soyez heureuse !

La jeune fille ne répondit pas.

Il se détourna brusquement et marcha à grands pas vers la porte.

Sur le point de sortir, malgré toute leur résolution, les deux jeunes gens jetèrent un regard en arrière comme pour saluer une dernière fois ceux qui leur étaient chers, et qu’ils abandonnaient pour toujours.

Don Tadeo était immobile à la même place.

Doña Rosario, la tête baissée, continuait à jouer machinalement avec les oreilles du chien.

À l’aspect de cette indifférence cruelle, une colère insensée mordit le comte au cœur.

– César ! cria-t-il.

À la voix de son maître, le Terre-Neuvien se dégagea vivement des bras de la jeune fille, et d’un bond il fut auprès de lui.

– César ! murmura faiblement doña Rosario de sa voix mélodieuse.

Le chien se retourna vers elle.

– César ! répéta-t-elle plus doucement encore.

Alors, malgré les signes et les ordres de son maître, l’animal se coucha aux pieds de la jeune fille.

Le comte, l’âme brisée, fit un effort suprême et s’élança vers la porte.

– Louis ! s’écria tout à coup doña Rosario en levant vers lui son visage inondé de larmes et ses yeux suppliants, Louis, vous aviez juré de ne jamais vous séparer de César, pourquoi donc l’abandonnez-vous ?

Louis chancela comme frappé de la foudre, une expression de joie inexprimable éclaira son visage, il laissa échapper la lettre et, poussé doucement par Valentin, il tomba aux genoux de la jeune fille radieuse.

– Mon père ! s’écria doña Rosario en lui jetant les bras autour du cou, je savais bien qu’il m’aimait ! mon père, bénissez vos enfants !

Valentin éprouva une douleur cruelle mêlée à une joie immense à ce dénouement.

Il refoula au fond de son âme les sentiments qui l’agitaient, et ramassant la lettre :

– C’est moi, dit-il avec un doux sourire, qui porterai la réponse à don Gregorio.

– Oh non ! fit la jeune fille avec une moue charmante en lui tendant la main, vous ne nous quitterez pas, mon ami, n’êtes-vous pas le frère bien-aimé de Louis ? Oh ! nous ne vous laisserons pas partir !… nous ne pourrions être heureux loin de vous, à qui nous devons notre bonheur.

Valentin baisa la main que lui tendait la jeune fille, en essuyant une larme à la dérobée, mais il ne répondit pas.

Cette journée s’écoula rapide et heureuse pour tous.

Quand le soir fut venu :

– Adieu ! frère, dit avec émotion Valentin avant d’entrer dans sa chambre à coucher, grâce au ciel te voilà désormais à l’abri du malheur ! ma tâche est accomplie !

Le comte le regarda avec inquiétude.

– Frère, lui dit-il, d’où vient cette tristesse ? souffrirais-tu ?

– Moi, fit Valentin en essayant de sourire, je n’ai jamais été aussi heureux !

Après avoir embrassé le comte, qui se laissa faire, tout étonné de cette soudaine douleur, étrange chez un tel homme, il s’éloigna à grands pas, en murmurant encore le mot : adieu !

Louis le suivit quelques instants des yeux en se disant avec un serrement de cœur indéfinissable :

– Qu’a-t-il donc ? Oh ! demain il faudra bien qu’il s’explique !

Le lendemain Valentin avait disparu.

L’ancien spahis, suivi par les deux Indiens qui n’avaient pas voulu l’abandonner, s’était enfoncé dans les déserts immenses qui séparent le Chili de Buenos-Ayres.

Malgré toutes les recherches qu’il tenta, Louis ne put découvrir ce que son frère de lait était devenu.

Pourquoi Valentin avait-il abandonné son ami et s’était-il ainsi enfui de l’hacienda ?

Le pauvre soldat ne se sentait pas le courage d’assister au bonheur de celui pour lequel il avait tant sacrifié !…

Lui aussi, il aimait doña Rosario !…

Les jeunes gens l’attendirent longtemps. Enfin, trois mois après son départ, lorsque l’espoir de son retour fut complètement évanoui, le comte de Prébois-Crancé épousa doña Rosario.

Le bonheur de Louis ne fut pas complet, Valentin lui manqua toujours !

Peut-être, quelque jour, retrouverons-nous le pauvre soldat au milieu de ces vastes solitudes où il a été cacher sa douleur !

FIN DU DEUXIÈME ET DERNIER VOLUME.

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