II Le rêve d’un nègre

Mathias, un superbe nègre d’origine cafre, d’une vingtaine d’années (peut-être un peu plus, mais pas beaucoup), s’étend sur des nattes, dans un coin de sa case, et rêve mélancholieusement.

C’est demain Noël, et toutes les légendes relatives à ce divin jour lui chantent dans la tête et dans le cœur.

Mathias est un superbe nègre, mais c’est un nègre solitaire dont l’âme a du vague.

Puis une torpeur s’empare de ses sens, et voilà qu’il rêve.

Ses souliers, qu’il a mis dans la cheminée (en rêve, bien entendu, car sa case ne comporte qu’un petit poêle économique de fabrication américaine), prennent des proportions démesurées.

Ses souliers se modifient également quant à leur forme, et tendent à revêtir l’aspect d’une gondole.

Puis la gondole se met à voguer sur je ne sais quel lac d’amour, et c’est lui qui la mène, lui, Mathias.

À l’arrière, une fine brume enveloppe comme un voile… une femme peut-être ?

Oui, une femme !

Un petit zéphyr de rien du tout dissipe la brume qu’absorbe l’eau du lac, et Mathias pousse un cri.

Cette femme est la femme qu’il aime.

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