(Reçue 4 janvier.)
Chère Comtesse,
Nous sommes arrivés aujourd’hui à Pétersbourg, et, selon votre ordre, le concierge nous a reçus avec le pain et le sel. Je ne sais comment vous remercier de cette marque d’attention. À mon avis, votre logement est très bien à tous égards ; mais ma femme veut y ajouter encore quelques bibelots : nous sommes donc allés faire des emplettes ; la promenade à travers les magasins ayant duré jusqu’à six heures, je n’ai pu trouver un instant pour me précipiter chez vous. Maintenant elle fait sa toilette pour le dîner, et elle m’a chargé de vous demander le jour et l’heure où vous la pourrez recevoir. Accablez-la de votre amabilité, et venez chez nous tout simplement, ce soir ; je sais que vous n’avez pas la superstition des conventions mondaines.
D’après notre programme primitif, nous devions passer au théâtre notre première soirée de Pétersbourg ; mais, par bonheur, nous n’avons trouvé de loge nulle part. Si vous saviez quel fou désir j’ai d’entendre le son de votre voix, de voir, fût-ce une seconde, votre sourire !
A. M.