(Reçue 16 juillet.)
Chère Kitie,
Je suis peut-être très coupable envers toi ; sans doute, ta lettre est chez moi à la campagne, mais je ne puis encore me débarrasser d’Odessa. La liquidation de mes affaires touche à sa fin. J’ai consenti à tout, il était impossible d’agir autrement. Dans trois semaines, j’espère être à ta campagne de Peterhoff.
Ici, les Sapounopoulo m’ont emmené à leur luxueuse campagne au bord de la mer, et, par tous les moyens, on me donne à comprendre qu’il me faut épouser la fille grecque. La tante, une horrible créature que j’ai surnommée « Euménide », m’a un jour conseillé franchement d’essayer, me faisant espérer que je n’aurais pas un refus, et puis, qu’est-ce qu’un refus ?… Je ne dis rien, je n’ai répondu ni oui, ni non, mais quand tout sera fini chez le notaire, je me sauverai immédiatement et avec une telle rapidité que je leur rappellerai leur célèbre compatriote « Achille aux pieds légers ».
Au revoir, à bientôt, ma chère Kitie. Écris-moi à Odessa.
Ton A. M.