PRIÈRE À SOI

Après la fête automnale,

Rempli d’une horreur d’espoir,

Je reviens, vision pâle,

Dans mon soir !

On dirait que les champs meurent,

Au soleil illimité.

Je m’arrête ; mes yeux pleurent

De beauté.

La terre est une prière,

L’ombre s’est mise à genoux,

Et je sens que la lumière

Vient à nous.

Je vais, je vais reconnaître

Le seuil docile, éternel,

Les murs gris, et la fenêtre

Dans le ciel.

Et près de la vitre éclose

On peut me voir un moment,

M’incliner vers toute chose

Tristement.

Et voilé du long silence,

Tremblant de faim et de froid,

Je comprends, angoisse immense,

Que c’est moi !

Le pauvre monde m’implore,

L’ombre est l’ombre d’autrefois…

Mes bras s’étendent, j’adore,

Et je crois.

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