I

Dans ma cervelle se promène,

Ainsi qu’en son appartement,

Un beau chat, fort, doux et charmant.

Quand il miaule, on l’entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret ;

Mais que sa voix s’apaise ou gronde,

Elle est toujours riche et profonde.

C’est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre

Dans mon fonds le plus ténébreux,

Me remplit comme un vers nombreux

Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux

Et contient toutes les extases ;

Pour dire les plus longues phrases,

Elle n’a pas besoin de mots.

Non, il n’est pas d’archet qui morde

Sur mon cœur, parfait instrument,

Et fasse plus royalement

Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,

Chat séraphique, chat étrange,

En qui tout est, comme en un ange,

Aussi subtil qu’harmonieux !

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