XII Goudoumar ! Goullamas !

Qui est celui qui enveloppe sentence de paroles sans science ?…

LA BIBLE.

Sur le midi, à la maison de ville, sous le vestibule, à la porte d’un bureau des échevins, un homme hâlé et trapu, portant le costume des patrons du port, tempêtait et battait des valets qui voulaient le repousser.

– Holà ! messieurs les garçons, quel bruit faites-vous donc à cette porte ? cria une voix de l’intérieur.

– Messire, c’est un patron, un batelier, qui veut forcément entrer, malgré votre consigne !

– Eh ! oui, margobleu ! c’est Jean Ponthu, le passeur ! Voilà deux heures qu’on me fait attendre ; je crois qu’on se fiche de la procession de Genève, milledieux !

Alors, distribuant quelques coups de poings, Jean Ponthu repoussa la valetaille, ouvrit brutalement la porte, et se jeta dans le bureau.

– Monsieur le batelier, vous êtes un croquant, un maroufle ! Faire un pareil vacarme en cet hôtel, vous mériteriez que je vous envoyasse coucher à la cave.

– Monseigneur…

– C’est bien, que me voulez-vous ?

– Je viens faire déclaration d’un noyé que j’ai pêché ce matin au pont de pierre, et réclamer les deux pistoles de récompense.

– Le cadavre a-t-il été reconnu ?

– Oui, messire, c’est une jeune fille, nommée Dina, enfant d’un nommé Israël Judas, un lapidaire.

– Une juive ?

– Oui, messire, une hérétique, une huguenote… une juive…

– Une juive !… Tu vas pêcher des juifs, maroufle ! et tu as le front, après cela, de venir demander récompense ? – Holà ! valets ! holà ! Martin ! holà ! Lefabre !… mettez-moi ce butor à la porte, ce paltoquet !

Qui pêche un hérétique, monsieur le batelier, pêche un chien.

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