XVIII Les mères

Longtemps les enfants vécurent ainsi, ensemble, sous la garde de la Dame du Lac et des deux maîtres. Et il advint que le bon Pharien mourut. Sa femme expira à son tour. Et leurs fils Anguis et Taran, reçurent plus tard la chevalerie de Lionel lui-même et furent merveilleusement preux.

Quant aux deux sœurs, les reines de Bénoïc et de Gannes, elles menèrent la plus pieuse vie du monde dans l’abbaye où elles étaient nonnes.

La reine Hélène, mère de Lancelot, avait beau se livrer à toutes les pénitences, elle demeurait grasse et blanche et vermeille et en si bon point que les étrangers ne pouvaient croire qu’elle menât une vie dure.

En revanche, sa sœur, le reine Evaine, était si maigre, si pâle, si faible, que l’on craignait à toute heure du jour qu’elle ne perdît le souffle.

Elle priait sans cesse Dieu qu’il lui fût donné de revoir ses fils avant de mourir. Une nuit, elle eut un songe : elle se crut dans un jardin où deux beaux enfants en escortaient un troisième de plus grande apparence encore ; et quand elle se réveilla, elle trouva gravés dans sa main droite, les trois noms de Lionel, Bohor et Lancelot, alors elle comprit que Notre Sire l’avait exaucée et qu’elle allait mourir. Au matin, elle fit appeler sa sœur, lui conta comment elle avait vu Lancelot et ses deux fils, et expira. Telle fut sa fin.

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