(IV) Vous dites d’un grand ou d’un homme en place qu’il est prévenant, officieux, qu’il aime à faire plaisir ; et vous le confirmez par un long détail de ce qu’il a fait en une affaire où il a su que vous preniez intérêt. Je vous entends : on va pour vous au-devant de la sollicitation, vous avez du crédit, vous êtes connu du ministre, vous êtes bien avec les puissances ; désiriez-vous que je susse autre chose ?
(VII) Quelqu’un vous dit : Je me plains d’un tel, il est fier depuis son élévation, il me dédaigne, il ne me connaît plus. – Je n’ai pas, pour moi, lui répondez-vous, sujet de m’en plaindre ; au contraire, je m’en loue fort, et il me semble même qu’il est assez civil. Je crois encore vous entendre : vous voulez qu’on sache qu’un homme en place a de l’attention pour vous, et qu’il vous démêle dans l’antichambre entre mille honnêtes gens de qui il détourne ses yeux, de peur de tomber dans l’inconvénient de leur rendre le salut ou de leur sourire.
(IV) « Se louer de quelqu’un, se louer d’un grand », phrase délicate dans son origine, et qui signifie sans doute se louer soi-même, en disant d’un grand tout le bien qu’il nous a fait, ou qu’il n’a pas songé à nous faire.
(IV) On loue les grands pour marquer qu’on les voit de près, rarement par estime ou par gratitude. On ne connaît pas souvent ceux que l’on loue ; la vanité ou la légèreté l’emportent quelquefois sur le ressentiment : on est mal content d’eux et on les loue.