– Mon enfant chérie, viens que je te fasse rire !
C'est Renaud, qui interrompt dans le cabinet de toilette l'étrillage prolongé et matinal de mes cheveux courts. Il rit déjà, calé dans le fauteuil de paille.
– Voilà. Une personne dévouée, qui veut bien, pour soixante centimes l'heure, veiller au bon ordre de la rue Goethe, m'a remis ce matin un objet (trouvé dans la houle des draps) proprement plié dans un fragment du Petit Parisien, avec ces seuls mots : « C'est la mentonnière de Monsieur… »
– ! ! !
– Bon ! tu vas tout de suite penser à des inconvenances ! Regarde.
Au bout de ses doigts pendille un étroit chiffon de linon à tout petits plis, bordé de malines… L'épaulette de la chemise de Rézi ! Je l'ai prise au vol… je ne la lui rendrai pas.
– … Je soupçonne d'ailleurs cette concierge de fournir des « mots » à nos vaudevillistes les plus aimés du public. Hier, vers six heures, je suis venu, discret – et un peu inquiet de ma chérie si longue à revenir – lui demander des vos nouvelles. Elle m'a répondu, pleine d'un blâme respectueux : « Il n'y a pas loin de deux heures que ces dames attendent après Monsieur. »
– Alors ?
– Alors… je ne suis pas monté, Claudine. Embrasse-moi « en pour ».