J'ai aujourd'hui devant moi, serré dans un veston noir fort court, l'original du compromettant pastel byzantin. Il pétille de curiosité, comme au temps où Luce l'intriguait si fort.
– Eh bien, hier ?
– Eh bien, merci. Vous avez là un petit temple délicieux digne de vous.
(Il s'incline.)
– De vous aussi.
– Trop gentil. Votre portrait surtout m'a… intéressée. J'ai plaisir à vous savoir une âme contemporaine de Constantin.
– C'est le goût du jour… Dites-moi, vous n'êtes pas gourmandes, ni l'une ni l'autre : mon Château-Yquem, un cadeau de grand-mère, ne vous a donc pas tentées ?
– Non. La curiosité a muselé chez nous les autres instincts.
– Oh ! la curiosité, … doute-t-il avec le sourire de son portrait… Quelles bonnes petites ménagères vous faites, j'ai trouvé tout dans un ordre parfait ! On ne vous a pas dérangées, au moins ?
(L'éclair de son sourire, son regard jeté et rentré si vite… Ah ! la petite canaille, c'était lui qui sonnait – ou qui faisait sonner, – j'aurais dû m'en douter ! Mais tu ne me pinceras pas, mauvais garçon.)
– Non, pas du tout. Un calme de maison bien tenue. On a sonné une fois, je crois… et encore je ne suis pas sûre. J'étais toute, dans ce moment-là, à la contemplation de… de votre petite déesse androgyne, qui croise les bras…
(Ça lui apprendra ! Et comme nous sommes deux bons joueurs, il arbore un air d'amphitryon satisfait.)