PRÉFACE

Je ne voulais, lorsque j’écrivis Minne, qu’écrire une nouvelle, avec l’espoir que je la signerais de mon nom. Il fallait donc, pour détourner d’elle une convoitise qui s’adressait d’habitude aux dimensions du roman, que ma nouvelle fût assez brève. Elle le fut : pas longtemps. Son succès la perdit : j’entendis d’une bouche conjugale des paroles de louange, et d’autres paroles aussi qui furent trop insistantes pour que je leur donne une place dans cet Avertissement. Il me fallut délayer Minnequelque peu.

Que ceux qui n’ont jamais désiré la paix comme le plus grand des biens me jettent la première pierre : je dus écrire encore Les Égarements de Minne, que je ne pus jamais considérer comme un bon roman.

Fut-il meilleur lorsque, redevenu plus tard ma propriété, abrégé, soulagé, je le soudai à Minnepour constituer un seul volume sous le titre : L’Ingénue libertine ?Je voudrais bien le croire, mais je crains que cette édition définitive elle-même ne parvienne pas à m’en donner la certitude, ni à me réconcilier complètement avec les premiers aspects de ma carrière de romancière.

COLETTE.

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