BASSIK, MORIARTY,au premier étage de la maison de droite
La porte de droite s'ouvre et les deux hommes entrent à tâtons.
BASSIK. – Ici, on y voit un peu mieux.
MORIARTY. – Approchez-vous avec précaution de la fenêtre, Bassik… Bassik obéit. Voyez-vous encore Mme Orlebar à la porte d'en face ?
BASSIK, regardant avec précaution par le bow-window. – Non, monsieur.
MORIARTY. – Elle doit être entrée. Il a pris un fusil de forme spéciale qu'il porte sur lui, démonté en deux parties qu'il rajuste.
BASSIK. – Qu'est-ce que c'est que cela ?
MORIARTY. – C'est une arme excellente, Bassik… La détonation d'un fusil ordinaire eût fait trop de bruit, et la portée d'un revolver est incertaine… Avec ceci, je suis certain d'atteindre mon but, à la place exacte où j'aurai visé.
BASSIK. – Encore faut-il que le gibier passe à portée… Et je ne vois pas le nôtre…
MORIARTY. – Un peu de patience et ayez l'obligeance de baisser la fenêtre, Bassik… Je veux prendre toutes les précautions pour assurer mon tir.
Bassik obéit.
BASSIK. – Vous êtes sûr que votre main ne tremblera pas ?
MORIARTY. – Pas plus qu'elle ne tremblait aux Indes pendant les nuits d'affût… Ah ! c'est un chagrin pour moi de supprimer un homme aussi remarquablement doué que ce Sherlock Holmes, car son habileté est pour moi un véritable régal intellectuel… Mais c'est sa faute… Je l'avais averti de se retirer de ma route… Il n'a pas voulu.
BASSIK. – Monsieur, il me semble que la porte s'entr'ouvre.
MORIARTY. – Alors un genou à terre, Bassik…Il s'agenouille méthodiquement dans le creux formé par le bow-window, l'arme en mains, le canon reposant à terre.