Scène V

Alcandre, Floridan, Cléon, Clitandre, Rosidor, Caliste, Dorise

Alcandre

Au comble de tes vœux, sûr de ton mariage,

N’es-tu point satisfait ? que veux-tu davantage ?

Rosidor
L’apprendre de vous, sire, et pour remerciements

Nous offrir l’un et l’autre à vos commandements.

Alcandre
Si mon commandement peut sur toi quelque chose,

Et si ma volonté de la tienne dispose,

Embrasse un cavalier indigne des liens

Où l’a mis aujourd’hui la trahison des siens.

Le prince heureusement l’a sauvé du supplice,

Et ces deux que ton bras dérobe à ma justice,

Corrompus par Pymante, avaient juré ta mort !

Le suborneur depuis n’a pas eu meilleur sort,

Et ce traître, à présent tombé sous ma puissance,

Clitandre fait trop voir quelle est son innocence.

Rosidor
Sire, vous le savez, le cœur me l’avait dit,

Et si peu que j’avais près de vous de crédit,

Je l’employai dès lors contre votre colère.

(À Clitandre.)
En moi dorénavant faites état d’un frère.

Clitandre , à Rosidor.
En moi, d’un serviteur dont l’amour éperdu

Ne vous conteste plus un prix qui vous est dû.

Dorise , à Caliste.
Si le pardon du roi me peut donner le vôtre,

Si mon crime…

Caliste
Ah ! ma sœur, tu me prends pour une autre,

Si tu crois que je puisse encor m’en souvenir.

Alcandre
Tu ne veux plus songer qu’à ce jour à venir

Où Rosidor guéri termine un hyménée.

Clitandre, en attendant cette heureuse journée,

Tâchera d’allumer en son âme des feux

Pour celle que mon fils désire, et que je veux ;

À qui, pour réparer sa faute criminelle,

Je défends désormais de se montrer cruelle ;

Et nous verrons alors cueillir en même jour

À deux couples d’amants les fruits de leur amour.

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