Clindor, Isabelle, Lyse, le Geôlier
Isabelle
dit ces mots à Lyse, cependant que le geôlier ouvre la prison à Clindor.
Lyse, nous l’allons voir.
Lyse
Que vous êtes ravie !
Isabelle
Ne le serais-je point de recevoir la vie ?
Son destin et le mien prennent un même cours,
Et je mourrais du coup qui trancherait ses jours.
Le Geôlier
Monsieur, connaissez-vous beaucoup d’archers semblables ?
Clindor
Ah ! madame, est-ce vous ? Surprises adorables !
Trompeur trop obligeant ! tu disais bien vraiment
Que je mourrais de nuit, mais de contentement.
Isabelle
Clindor !
Le Geôlier
Ne perdons point de temps à ces caresses.
Nous aurons tout loisir de flatter nos maîtresses.
Clindor
Quoi ! Lyse est donc la sienne ?
Isabelle
Écoutez le discours
De votre liberté qu’ont produit leurs amours.
Le Geôlier
En lieu de sûreté le babil est de mise,
Mais ici ne songeons qu’à nous ôter de prise.
Isabelle
Sauvons-nous : mais avant, promettez-nous tous deux
Jusqu’au jour d’un hymen de modérer vos feux :
Autrement, nous rentrons.
Clindor
Que cela ne vous tienne,
Je vous donne ma foi.
Le Geôlier
Lyse, reçois la mienne.
Isabelle
Sur un gage si beau j’ose tout hasarder.
Le Geôlier
Nous nous amusons trop, il est temps d’évader.