Dorimant, Célidée, Aronte
Dorimant
Aronte, un mot. Tu fuis ? Crains-tu que je te voie ?
Aronte
Non ; mais pressé d’aller où mon maître m’envoie,
J’avais doublé le pas sans vous apercevoir.
Dorimant
D’où viens-tu ?
Aronte
D’un logis vers la Croix-du-Tiroir.
Dorimant
C’est donc en ce Marais que finit ton voyage ?
Aronte
Non ; je cours au Palais faire encore un message.
Dorimant
Et c’en est le chemin de passer par ici ?
Aronte
Souffrez que j’aille ôter mon maître de souci ;
Il meurt d’impatience à force de m’attendre.
Dorimant
Et touchant mes amours ne peux-tu rien m’apprendre ?
As-tu vu depuis peu l’objet que je chéris ?
Aronte
Oui, tantôt en passant j’ai rencontré Chloris.
Dorimant
Tu cherches des détours : je parle d’Hippolyte.
Célidée
Et c’est là seulement le discours qu’il évite.
Tu t’enferres, Aronte ; et, pris au dépourvu,
En vain tu veux cacher ce que nous avons vu.
Va, ne sois point honteux des crimes de ton maître :
Pourquoi désavouer ce qu’il fait trop paraître ?
Il la sert à mes yeux, cet infidèle amant,
Et te vient d’envoyer lui faire un compliment.
(Aronte sort.)