Florame, Célie
Florame
, en soupirant.
Célie…
Célie
Eh bien, Célie ? enfin elle a tant fait
Qu’à vos désirs Géraste accorde leur effet.
Quel visage avez-vous ? votre aise vous transporte.
Florame
Cesse d’aigrir ma flamme en raillant de la sorte,
Organe d’un vieillard qui croit faire un bon tour
De se jouer de moi par une feinte amour.
Si tu te veux du bien, fais-lui tenir promesse :
Vous me rendrez tous deux la vie ou ma maîtresse ;
Et ce jour expiré, je vous ferai sentir
Que rien de ma fureur ne vous peut garantir.
Célie
Florame !
Florame
Je ne puis parler à des perfides.
Célie
Il veut donner l’alarme à mes esprits timides,
Et prend plaisir lui-même à se jouer de moi.
Géraste a trop d’amour pour n’avoir point de foi,
Et s’il pouvait donner trois Daphnis pour Florise,
Il la tiendrait encore heureusement acquise.
D’ailleurs ce grand courroux pourrait-il être feint ?
Aurait-il pu sitôt falsifier son teint,
Et si bien ajuster ses yeux et son langage
À ce que sa fureur marquait sur son visage ?
Quelqu’un des deux me joue ; épions tous les deux,
Et nous éclaircissons sur un point si douteux.