XXIX.

Les édifices, vus de loin, nous semblent d’une architecture bizarrement contournée ; mais notre attention est tout entière et de suite absorbée par la partie vivante de la cité. En effet, à mesure que nous avançons, il nous est impossible de détourner nos regards des masses du peuple qui s’agite et grouille sur les quais, ou s’engouffre dans les rues de la grande ville.

En approchant plus près, il semble tout d’abord que ce peuple se compose de deux nations, de deux races très-distinctes qui vivent ensemble et vont se répandre pêle-mêle dans le dédale des rues.

La plus grande de ces deux races est belle, noble et forte dans ses deux sexes. La seconde est petite, velue, et remarquable, avant tout examen, par ses larges oreilles repliées, tombantes, et ornées de poils soyeux, surtout chez les individus du sexe féminin. La première seulement appartient à l’espèce humaine ; forte et intelligente, surtout sur cette terre ; race, ici, supérieure et dominante.

La seconde partie de la population n’est autre chose qu’une espèce inférieure, ou, pour mieux dire, une nation d’animaux perfectibles, doués plus que tous les autres d’intelligence et d’habileté ; mais, de plus, ayant comme l’être humain l’usage de mains agissantes, et la faculté d’exprimer leurs idées, l’usage de la parole. Ce sont les repleux, soumis à l’homme qui règne et commande, et réduits par lui en domesticité.

La race humaine est sans affinité avec la race des repleux. Elle est à celle-ci ce que le cheval est à l’âne, et leur accouplement même ne produit que des métis incapables d’engendrer. Les Stariens possèdent selon leurs moyens et leurs besoins personnels un ou plusieurs repleux. Ceux-ci sont élevés et instruits pour différents emplois, mais surtout pour le service particulier de la maison. La taille des repleux est de plus d’un mètre ; ils marchent debout, sont agiles et robustes ; par rapport à la race humaine, leurs pieds et leurs mains sont seulement un peu trop larges. Leur vie, enfin, est de moitié plus courte que celle de l’homme.

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