V.

Ils voguèrent deux jours dans un ordre parfait,

Mais leur course aussitôt fut troublée. En effet,

En plongeant plus avant au sein de l’atmosphère,

La flotte ramassée, un mouvement s’opère ;

Quelques nefs en tumulte accourent se heurter.

Ces abares brisés vont se précipiter

Sur les rangs du dessous. Alors de proche en proche

Chaque abare en tombant brise, écrase et décroche

La ligne des vaisseaux que sa chute décrit !…

Tout un monde de voix jettent le même cri ! !…

Chacun veut se garer et le désastre augmente !…

Ah ! C’était un spectacle à rugir d’épouvante !

La race humaine entière était là se broyant

Dans des cieux agités d’un désordre effrayant !

Marulcar, de l’avant, voit sombrer la colonne ;

Sa main commande : Halte ! et son drapeau l’ordonne.

De loin les Stariens ont compris ce signal :

C’est l’immobilité, dans cet instant fatal,

Qui doit sauver la flotte… Aussitôt tout s’arrête

Et le calme des cieux succède à la tempête.

Mais l’essaim migrateur, remis de son effroi,

A refait sa spirale, et l’immense convoi

Descend en tournoyant vers l’astre héréditaire.

Quand l’œil des Stariens put distinguer la terre

L’angoisse avait fait place à des transports touchants,

Des millions de voix répétaient ces vieux chants :

Oui, la terre patrie est plus riche et plus vaste ;

Star sourit à de plus beaux cieux.

Ici, notre bonheur attend, fidèle et chaste,

Sur le berceau de nos aïeux.

FIN DU TROISIÈME LIVRE.

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