Note A, p. 97.

Quelques-uns de ces chroniqueurs théologiens qui ont voulu plier l'histoire musulmane à leurs vues étroites et fausses, prétendent que deux généraux, l'un et l'autre de la famille d'Omaiya, Obaidallâh, fils de Ziyâd, et Amr, fils de Saîd, surnommé Achdac, refusèrent de commander l'armée destinée à réduire les deux villes saintes. Je crois que c'est une fable, tout comme les cent pièces d'or qui auraient été données à chaque soldat, car le plus ancien des chroniqueurs de cette classe, Fâkihî, ne dit rien de ce refus, ce que pourtant il n'aurait pas manqué de faire, s'il en avait eu connaissance; mais supposé même que ce ne soit pas une fable, alors le refus des deux généraux n'a pas été motivé par des scrupules religieux, comme les dévots chroniqueurs voudraient le faire croire, mais par leur rancune contre le calife. Obaidallâh, comme l'a très-bien observé M. Weil (t. I, p. 330, dans la note), était mécontent parce qu'il ne croyait pas ses services assez récompensés, et parce que Yézîd, qui lui avait promis le gouvernement de Khorâsân outre celui de l'Irâc, n'avait pas tenu cette promesse. Achdac avait également des griefs contre Yézîd, qui lui avait ôté le gouvernement du Hidjâz. Aussi répond-il, chez Ibn-Khaldoun: «J'ai su contenir ce pays, moi; [mes successeurs n'ont pas su le faire] et maintenant le sang va couler,» c'est-à-dire: «puisqu'on a cru devoir suivre une politique opposée à la mienne, je ne veux me mêler de rien.»

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