I Chacals contre léopard

En 1840, Sydney comptait à peine trente mille habitants, soit environ le sixième de la population composée d’Anglais libérés ou de soldats, et le reste de convicts des Trois-Royaumes, libérés ou subissant leur peine. Ceci ne veut pas dire toutefois que les Anglais libres n’eussent pas été bien à leur place parmi les condamnés, car il n’en était guère, jusques et y compris le gouverneur, qui n’eût un ou plusieurs crimes sur la conscience. Toute la différence consistait en ce que les uns commettaient leurs crimes sous le couvert et à l’abri des lois, quand les autres étaient les victimes de ces mêmes lois. Cette légère nuance a bien son prix quand il s’agit d’une colonie de la Grande-Bretagne.

Or, les 5,000 Anglais cités plus haut professaient à l’égard des 25,000 convicts, bushrangers ou indigènes, un peu moins d’attachement qu’ils n’en avaient pour leurs propres chiens, et, de leur côté, les relégués n’attendaient qu’une bonne occasion, puisqu’on les traitait en chiens, de dévorer les mollets de leurs maîtres, voire même de leur sauter à la gorge et de les étrangler. Rapports peu cordiaux en somme, mais largement motivés par la cruauté des uns et les antécédents des autres.

Si donc le léopard britannique flottant au-dessus du palais du gouverneur avait les griffes très acérées, la langue sanglante et les dents longues, il n’en effrayait guère plus pour cela les chacals qui rôdaient entre Paramatta et Botany-Bay, dans cette vallée semi-circulaire qu’entouraient les gradins ouest des montagnes Bleues. Le lord gouverneur, on le disait du moins, avait aussi les dents fort longues et la meilleure preuve en était dans la rapidité avec laquelle il se constituait une respectable fortune.

Son exemple, est-il besoin de le dire, était admirablement suivi, car plus on descendait l’échelle des subalternes, plus il y avait de griffes crochues qui s’aiguisaient dans la chair des condamnés. Ceux-ci, il est vrai, avaient pour consolation suprême certains airs funèbres dont les fusils de la garnison faisaient tous les frais.

Cependant, par un beau soir de ladite année, à cette heure crépusculaire où la nuit, dans ces parages, succède vite au jour, on eût dit que tout à coup les appétits avaient changé d’estomacs. Les chacals avaient pris envie de manger le léopard et celui-ci, griffes et dents rentrées, ne se montrait guère moins prudent qu’un chat vulgaire serrant la queue entre les jambes, comme s’il se fût attendu à être houspillé d’importance.

Une animation extraordinaire régnait dans tout Port-Jackson, depuis Pyrmont jusqu’à Rose-Bay, et dans les différents faubourgs de la ville. Là, si l’idiome londonien se faisait entendre de loin en loin, il était dominé par l’accent traînard de l’Écosse et plus encore par le rude langage de l’Irlande. Chose naturelle, à tout prendre, les Irlandais ayant toujours bénéficié dans la plus large mesure de la tyrannie de l’Angleterre, ce qui les mettait à même d’entrer pour les deux tiers dans le contingent des déportés à la Nouvelle-Galles du Sud. Pour l’autre tiers, il n’en était pas à des scrupules de nationalité, ayant rompu depuis longtemps avec les principes de respect dû à l’autorité de Sa Majesté Britannique. De sorte que le tout compact, agrémenté de quelques insulaires et de certains squatters mécontents de leur côté, avait envahi brusquement la ville avec des intentions ignorées de M. le gouverneur, et roulait à travers les rues depuis la tombée de la nuit.

Prévoir est une des conditions essentielles pour bien gouverner. Le gouverneur n’avait rien prévu ; il s’empressa de faire appel à la garnison et de mettre toutes les troupes sur pied. Cramoisi dans son col de crin qui lui serrait la gorge, traînant avec fracas son sabre sur les dalles, il avait beau pester et jurer, s’en prendre à tout le monde de ce que présentait d’insolite cette affluence de gredins envahissant Sydney au mépris de tous les règlements, le fait n’en était pas moins avéré et lui-même moins inquiet.

Des patrouilles se mirent à parcourir les rues, distribuant de-ci de-là des coups de crosse et prêtes à faire feu à la moindre alerte. Mais les gueux glissaient le long des murs, silencieux et sournois, ne proférant ni un cri ni une menace ; ils allaient paisiblement se concentrer sur divers points et ceux qu’on tenta d’interroger ne répondaient rien ou donnèrent de leur présence personnelle un motif évidemment déguisé. Ceci, d’ailleurs, ne les empêchait pas de se glisser, en se croisant, quelques mots à l’oreille.

Jamais on n’avait rien vu de semblable dans la colonie, et lord Randolph Humphray, le gouverneur, en enrageait au milieu de son conseil assemblé en toute hâte. Il en rendait responsables tous ceux qui étaient présents ; il en rendait aussi responsables les chefs de district et les propriétaires ayant charge de forçats employés par eux, les premiers comme les seconds ne devant sous aucun prétexte permettre aux condamnés de venir en ville sans autorisation supérieure. Dans sa colère, il menaçait de faire pendre tous ceux qui, par faiblesse ou trahison, auraient été cause des troubles ou fuiraient devant le danger.

La moitié de la population, il faut le dire à sa louange, avait déjà pris ce dernier parti.

Le commandant de la garnison, tout en faisant moins de bruit, avait peut-être un peu plus d’idées. Il jugea à propos de les faire connaître et prit la parole :

– Nous avons des canons, dit-il, il faut les bourrer jusqu’à la gueule et s’en servir. Nous avons des soldats qui se rouillent dans l’inaction et ne demandent qu’à se distraire. Un navire de la marine royale, le Calédonien, est mouillé dans le port et nous prêtera main-forte. Le plan est donc très simple : pousser les rebelles vers la mer et les prendre entre deux feux. On tuera les hommes et on noiera les femmes, car il y a aussi des convicts femelles, mille diables !…

Il s’arrêta court : un coup de canon venait de faire trembler les vitres de la salle du conseil. Comme s’il eût servi de signal, on entendit une immense clameur faite de cris, de hurlements, de vociférations poussées par une multitude. Lord Humphray et ceux qui l’entouraient n’osèrent s’entre-regarder parce qu’ils se devinaient pâles. En même temps, des lueurs, projetées des quatre coins de Sydney, embrasèrent l’horizon ; les deux collines qui se font face et sur lesquelles s’étagent les maisons, pour la plupart alors construites en planches, se transformèrent instantanément en brasiers et l’on entendit, avec les sinistres craquements du bois sous la flamme, l’horrible ronflement du fléau qui gagnait de proche en proche. D’autres foyers d’incendie naissaient de tous côtés. Courant à travers les rues, des ombres fantastiques brandissaient une torche d’une main, un poignard de l’autre.

Bientôt la fusillade se mit de la partie, les cris et les imprécations redoublèrent, le chaos devint indescriptible ; et dans cette nuit des tropiques, où règne d’ordinaire un calme chaud et lourd, c’était un lugubre spectacle que celui de ce ciel rouge et de ces démons hurlant à la mort, tantôt violemment éclairés par les reflets de la fournaise, tantôt disparaissant dans un coin sombre, comme s’ils fussent rentrés sous terre.

Les personnages formant l’état-major du gouverneur s’étaient précipités au dehors, pour savoir d’où venait le mot d’ordre et pour tenter d’enrayer l’émeute. Lui seul demeurait là, livide.

C’était un gros homme apoplectique, sans aucune capacité. Il avait beaucoup intrigué pour obtenir le gouvernement de Sydney où l’on s’enrichit vite. Lady Nelly Humphray, une de ces rares beautés dont la race saxonne produit de moins en moins d’exemples, avait surtout intrigué pour lui ; on le prétendait tout au moins. On disait aussi que tous les actes du bonhomme étaient réglés par elle, que toute la politique de la colonie prenait naissance dans son boudoir. Toutes, sauf celles des sévices cependant, car la cruauté paraissait être odieuse à cette femme remarquable, et lorsque le gouverneur ordonnait un châtiment, c’était toujours à l’insu de lady Nelly.

Il est comme cela certains hommes qui, trouvant en de rares occasions le moyen de s’affranchir de la tutelle d’une volonté supérieure, en profitent pour être barbares et lâches.

Lâche !… Lord Humphray l’était plus que jamais à cette heure où des flots de lie humaine, écume de la société, bandits et voleurs de grands chemins, assassins et faussaires, innocents injustement condamnés et, partant, plus assoiffés de vengeance, se précipitaient en torrent et menaçaient déjà son palais et sa vie. Il les entendait venir ; leurs vociférations montaient jusqu’à ses oreilles ; il n’osait pas même s’approcher de la fenêtre pour voir ce qui se passait. Tremblant, inerte, assis devant une table, la tête dans les mains, il ne songeait qu’à sa situation, à sa fortune perdues et à ses jours en danger.

Lady Nelly Humphray parut à l’une des portes. Après l’avoir considéré un instant avec mépris, elle alla lui toucher l’épaule.

Oui, certes, elle était belle lady Nelly, surtout en ce moment où se plissait son front volontaire, où sa poitrine battait avec force sous son léger corsage de surah rose. Mais à la voir hautaine et fière, contemplant avec dédain son mari, on devinait qu’il y avait entre eux un abîme et qu’elle n’avait jamais aimé cet homme.

Lord Humphray, ivrogne et menteur, bas sur jambes et le ventre rond, type dégénéré de la race saxonne et n’ayant d’autre gloire que celle conquise le verre en main, n’avait rien de commun avec cette créature souple et nerveuse qu’était sa femme, fille de petite noblesse que des considérations d’argent et le choix de sa famille avaient poussé dans les bras de ce vil personnage aux instincts bas et sordides. Vainement il avait payé de son titre de lord le sacrifice qu’elle avait fait de sa personne et de sa beauté ; il restait de cent pieds au-dessous d’elle. Il n’avait su conquérir ni son affection ni son estime. C’était par dignité d’elle-même qu’elle en avait fait quelqu’un, qu’elle avait mendié pour lui une faveur dont il n’était pas même digne : celle de commander à des forçats.

– Eh bien ! milord, dit-elle froidement, savez-vous ce qui se passe ? Si vous le savez, qu’avez-vous fait pour y remédier ?

– Je ne sais rien, Nell, rien de rien, sinon qu’une révolution a dû éclater dans la ville.

– Et vous n’en êtes pas certain encore ?…

– Si, je crois… on dirait que Sydney est en feu… Regardez, Nell, voyez par cette fenêtre…

– J’ai vu depuis longtemps, reprit-elle en pinçant les lèvres. Parbleu !… monsieur le gouverneur, j’espérais vous voir aller vous enquérir par vous-même, donner les ordres nécessaires ; j’espérais enfin vous voir à la hauteur de la mission à vous confiée par la reine !… Et quand je dis votre mission, je ne parle pas pour vous de devoir, hélas !…

Elle se détourna, comme avec un haut-le-cœur, et venant se placer brusquement devant son mari, elle lui cria à la face :

– Que faites-vous donc ici, lord Randolph ?

– Nell, ma chère Nell ! gémit le pusillanime et grotesque bonhomme, ne m’accablez pas… Si je reste, croyez-le bien, c’est pour vous, uniquement pour vous. Me ferez-vous un crime de vouloir vous protéger contre ces brutes, cette tourbe infâme capable de tout contre une femme ?

– Je me protègerai seule, monsieur, dit la jeune femme avec un air de pitié… Pas tant de grands mots, je vous prie, et puisque vous avez peur…

– Peur, moi ?… s’exclama lord Humphray. Apprenez, milady, s’il ne vous en souvient, que je suis duc de Naesby, comte de Mortonsmoor et que mes ancêtres…

– De grâce, interrompit-elle, laissez en paix vos ancêtres, car vous ne leur ressemblez en rien.

Or, si le gouverneur de Sydney ne savait pas garder son impassibilité devant le danger, il était capable de subir une insulte sans la relever. Il courba le front sous celle dont venait de le cingler sa femme, et prenant un faux-fuyant, il essaya par un autre moyen de dissimuler sa couardise sous un audacieux prétexte :

– Ma place est ici, dit-il, là où flotte le drapeau de l’Angleterre. J’y resterai tant que la violence n’aura pas abattu les couleurs que je suis chargé de faire respecter.

– Vous ne vous respectez pas vous-même, répliqua lady Nelly ; la violence dont vous parlez n’est pas loin : écoutez.

Avec un imperturbable sang-froid, elle alla s’asseoir à la table que venait de quitter son mari. Les muscles de son visage ne trahissaient aucune angoisse et son oreille attentive se penchait vers les clameurs de mort de plus en plus proches, auxquelles se mêlaient les crépitements de la fusillade et les râles des blessés. Les lueurs de l’incendie inondaient la pièce, se posaient sur le front blanc de la jeune femme, piquaient des paillettes d’or dans les lourdes tresses de ses cheveux blonds. Mais bientôt, en face du danger menaçant, cette inaction pesa à son esprit. Elle songea aux autres femmes de la colonie, épouses des officiers, des fonctionnaires et des marchands, qu’il était de son devoir de grouper autour d’elle, de protéger contre des violences probables et sans doute inévitables.

Et comme une dizaine déjà s’étaient réfugiées au palais du gouvernement, elle les fit appeler, chercha à leur communiquer son propre courage. Elle les exhorta à mourir noblement pour leur pays, si cela devenait nécessaire, mais non sans avoir vendu chèrement leur honneur et leur vie. Elle leur distribua les armes accrochées aux panoplies, haches et sabres d’abordage, kriss malais, lances polynésiennes et dagues de Java, et prenant elle-même un pistolet dans chaque main, après en avoir vérifié l’amorce, elle attendit avec ce calme des âmes d’élite en face de l’heure suprême.

À ce moment un officier, les vêtements en désordre, le sabre dégoûtant de sang, fit irruption dans la salle et marcha droit vers le coin où, ne soufflant mot, le gouverneur s’était tapi.

– Que Votre Seigneurie, s’écria-t-il, me dise ce qu’il faut faire. Nos soldats sont débordés ; il y a plus de dix mille bandits armés dans la ville et le feu est partout. Les condamnés le propagent avec des torches. Ces forcenés se battent comme des tigres : plus on en tue, plus il semble en surgir du sol. Le trésor vient d’être pillé et ce n’est qu’avec des efforts inouïs que nous avons réussi jusqu’à présent à barrer les rues qui accèdent à ce palais. Dans un quart d’heure nous serons impuissants, car la moitié de nos hommes gisent sur le terrain et le flot des assaillants monte sans cesse. Je viens prendre vos ordres, milord…

Lord Humphray sembla sortir d’un songe ; il était pâle et ses dents claquaient :

– Mes ordres, balbutia-t-il… Eh bien ! qu’on veille sur nous, sur ces dames… qu’on défende le drapeau… jusqu’à la mort !

L’officier crispa sa main sur la poignée de son épée.

– N’y a-t-il pas en rade un bâtiment royal ? poursuivit le gouverneur. Que les soldats nous fassent jusqu’au quai un rempart de leur corps… ces dames et moi, nous prendrons une barque et nous gagnerons le navire.

L’officier, cette fois, frappa le parquet du talon de sa botte, tandis que le visage de lady Nelly s’empourprait. Il y avait là dix femmes : sans une plainte, elles se préparaient à mourir et, devant elles, ô honte ! un homme, son mari, suait la peur.

– Cela s’appelle fuir ! s’écria-t-elle ; cela s’appelle déserter son poste et cela s’appelle aussi être lâche !… Que lord Humphray use de ce moyen, s’il le veut, mais je jure que personne ici ne le suivra.

Le lieutenant était jeune, il était brave. Il n’avait pas eu le temps de jeter un coup d’œil sur l’angle de la pièce où se tenait lady Humphray avec ses compagnes, et le son de cette voix énergique lui fit dresser la tête. En apercevant le groupe résolu et armé dont tous les yeux étaient fixés sur lui, il s’inclina profondément et salua de l’épée.

– Madame, dit-il, ce sont vos ordres à vous que je réclame. Quels qu’ils soient, nous y obéirons et donnerons jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour que vous ayez la vie sauve.

Tournant le dos au gouverneur, il attendit respectueusement que lady Nelly voulût bien lui faire connaître sa volonté :

– Vous avez entendu mes paroles, dit-il ; la situation est grave, le temps presse. Devons-nous essayer, par un suprême effort, de repousser les rebelles vers la mer, ou préférez-vous que nous nous repliions pour couvrir le palais ? Parlez vite, madame, pendant qu’il en est temps encore.

– Êtes-vous prêt à mourir, tous ? demanda lady Humphray.

– S’il en était autrement, je ne serais pas ici, répliqua l’officier.

– Alors, allez dire à votre major de pousser les révoltés jusqu’au quai et vous-même, en barque ou à la nage, gagnez le Calédonien qui a dû se rapprocher de terre. Et quand vous aurez abordé, monsieur, donnez l’ordre au commandant de balayer le quai à mitraille et de canonner les rues en enfilade. Peut-être les soldats feront-ils quelques victimes parmi les nôtres, mais il faut qu’à tout prix l’émeute soit vaincue… Allez, monsieur ; pour nous, nous saurons défendre notre drapeau et mourir.

Le lieutenant croisa son regard avec celui de cette belle et stoïque jeune femme qui parlait de mourir comme d’autres parlent d’aller au bal. Il y lut une indomptable énergie et un scrupule le prit de réduire à néant d’un seul coup le projet audacieux et désormais impossible que venait de lui soumettre lady Humphray. Il lui vint à l’idée de rester là, de donner sa vie pour cette femme qui, tout à l’heure, serait la proie des bandits, de la leur arracher et de l’emporter au loin, à travers le fer et le feu, ou de succomber en la tenant pressée sur sa poitrine.

Il baissait la tête et ne bougeait plus, les pieds rivés au sol, les tempes battant à se rompre :

– Eh bien ! qu’attendez-vous, monsieur ? demanda Nelly. Vous l’avez dit vous-même, le temps presse.

L’officier releva son front où perlait une sueur froide.

– Il est trop tard, madame, dit-il ; les canons du Calédonien sont muets. Le bâtiment est cerné par quatre corvettes armées en guerre et son équipage prisonnier depuis une heure : ces corvettes battent pavillon rouge.

Lady Humphray tressaillit et ses doigts se crispèrent sur la crosse de ses pistolets, un sombre éclair passa dans ses beaux yeux :

– Alors, s’écria-t-elle, que tout soit rouge à Sydney, le ciel, la terre, et jusqu’aux flots de la rade !… Nous aussi, nous allons pouvoir arborer des pavillons rouges qui seront teints de notre sang et de celui du gouverneur… Allez, monsieur, que Dieu vous garde !… Hurrah pour l’Angleterre !…

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