EAU : L’eau de Paris donne des coliques. L’eau de mer soutient pour nager. L’eau de Cologne sent bon.
ÉBÉNISTE : Ouvrier qui travaille surtout l’acajou.
ÉCHAFAUD : S’arranger quand on y monte pour prononcer quelques mots éloquents avant de mourir.
ÉCHARPE : Poétique.
ÉCHECS (jeu des) : Image de la tactique militaire. Tous les grands capitaines y étaient forts. Trop sérieux pour un jeu, trop futile pour une science.
ÉCHO : Citer ceux du Panthéon et du pont de Neuilly.
ÉCLECTISME : Tonner contre comme étant une philosophie immorale.
ÉCOLES : Polytechnique, rêve de toutes les mères (
ÉCONOMIE : Toujours précédé de « ordre » . Mène à la fortune. Citer l’anecdote de Laffitte ramassant une épingle dans la cour du banquier Perrégaux.
ÉCONOMIE POLITIQUE : Science sans entrailles.
ÉCREVISSE : Marche à reculons. Toujours appeler les réactionnaires des écrevisses.
ÉCRIRE :
ÉCRIT, BIEN ÉCRIT : Mots de portier, pour désigner les romans-feuilletons qui les amusent.
ÉCRITURE : Une belle écriture mène à tout. Indéchiffrable : signe de science. Ex. : les ordonnances des médecins.
ÉCUME DE MER : Se trouve dans la terre. On en fait des pipes.
ÉDILES : Tonner contre à propos du pavage des rues. « A quoi songent nos édiles ? »
ÉGOÏSME : Se plaindre de celui des autres et ne pas s’apercevoir du sien.
ÉLÉPHANTS : Se distinguent par leur mémoire, et adorent le soleil.
ÉMAIL : Le secret en est perdu.
EMBONPOINT : Signe de richesse et de fainéantise.
ÉMIGRÉS : Gagnaient leur vie à donner des leçons de guitare et à faire la salade.
ÉMIR : Ne se dit qu’en parlant d’Abd-el-Kader.
EMPIRE : « L’Empire c’est la paix. » (Napoléon III.)
ENCEINTE : Fait bien dans les discours officiels : « Messieurs, dans cette enceinte... »
ENCRIER : Se donne en cadeau à un médecin.
ENCYCLOPÉDIE : En rire de pitié, comme étant un ouvrage rococo, et même tonner contre.
ENFANTS : Affecter pour eux une tendresse lyrique, quand il y a du monde.
ENGELURE : Signe de santé : vient de s’être chauffé quand on avait froid.
ENTERREMENT : A propos du défunt : « Et dire que je dînais avec lui il y a huit jours ! » S’appelle obsèques quand il s’agit d’un général, enfouissement quand c’est celui d’un philosophe.
ENTHOUSIASME : Ne peut être provoqué que par le retour des cendres de l’Empereur. Toujours impossible à décrire, et pendant deux colonnes le journal ne parle que de ça.
ENTRACTE : Toujours trop long.
ENVERGURE : Se disputer sur la prononciation du mot.
ÉPACTE, NOMBRE D’OR, LETTRE DOMINICALE : Sur les calendriers, on ne sait pas ce que c’est.
ÉPARGNE (Caisse d’) : Occasion de vol pour les domestiques.
ÉPÉE : On ne connaît que celle de Damoclès. Regretter le temps où on en portait. « Brave comme une épée. » Quelquefois elle n’a jamais servi.
ÉPÉRONS : Font bien à une paire de bottes.
ÉPICURE : Le mépriser.
ÉPINARDS : Sont le balai de l’estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : « Je ne les aime pas, j’en suis bien aise, car si je les aimais, j’en mangerai et je ne puis pas les souffrir. » (Il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas).
ÉPOQUE (la nôtre) : Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu’elle n’est pas poétique. L’appeler époque de transition, de décadence.
ÉPUISEMENT : Toujours prématuré.
ÉQUITATION : Bon exercice pour faire maigrir. Ex. : tous les soldats de cavalerie sont maigres. Bon exercice pour engraisser. Ex. : tous les officiers de cavalerie ont un gros ventre. « Il monte à cheval comme un vrai centaure. »
ÈRE (des révolutions) : Toujours ouverte puisque chaque nouveau gouvernement promet de la fermer.
ÉRECTION : Ne se dit qu’en parlant des monuments.
ÉRUDITION : La mépriser comme étant la marque d’un esprit étroit.
ESCRIME : Les maîtres d’escrime savent des bottes secrètes.
ESCROC : Toujours du grand monde (v. espion).
ESPION : Toujours du grand monde (v. escroc).
ESPLANADE : Ne se voit qu’aux Invalides.
ESPRIT : Toujours suivi d’étincelant. Court les rues. Les beaux esprits se rencontrent.
ESTOMAC : Toutes les maladies viennent de l’estomac.
ÉTAGÈRE : Indispensable chez une jolie femme.
ÉTALON : Toujours vigoureux. Une femme doit ignorer la différence qu’il y a entre un étalon et un cheval.
ÉTÉ : Toujours exceptionnel (v. hiver).
ÉTERNUEMENT : Après qu’on a dit : « Dieu vous bénisse » , engager une discussion sur l’origine de cet usage.
ÉTERNUER : C’est une raillerie spirituelle de dire : le russe et le polonais ne se parlent pas, ça s’éternue.
ÉTOILE : Chacun a la sienne, comme l’Empereur.
ÉTRANGER : Engouement pour tout ce qui vient de l’étranger, preuve de l’esprit libéral. Dénigrement de tout ce qui n’est pas français, preuve de patriotisme.
ÉTRENNES : S’indigner contre.
ÉTRUSQUE : Tous les vases anciens sont étrusques.
ÉTUDIANT : Portent tous des bérets rouges, des pantalons à la hussarde, fumant la pipe dans la rue et n’étudie pas.
ÉTYMOLOGIE : Rien de plus facile à trouver avec le latin et un peu de réflexion.
EUNUQUE : N’a jamais d’enfants... Fulminer contre les castrats de la chapelle Sixtine.
ÉVACUATIONS : Les évacuations sont souvent copieuses et toujours de mauvaise nature.
ÉVANGILES : Livres divins, sublimes, etc.
ÉVIDENCE : Vous aveugle, quand elle ne crève pas les yeux.
EXASPÉRATION : Constamment à son comble.
EXCEPTION : Dites qu’elle confirme la règle. Ne vous risquez pas à expliquer comment.
EXÉCUTIONS CAPITALES : Se plaindre des femmes qui vont les voir.
EXERCICE : Préserve de toutes les maladies : toujours conseiller d’en faire.
EXPIRER : Ne se conjugue qu’à propos des abonnements de journaux.
EXPOSITION : Sujet de délire du XIXe siècle.
EXTINCTION : Ne s’emploie qu’avec paupérisme.
EXTIRPER : Ce verbe ne s’emploie que pour les hérésies et les cors aux pieds.