À Monsieur Victor Hugo, à Bruxelles.

Monsieur,

Je prends la liberté d’appeler votre attention sur un fait, bien simple en lui-même mais qui, dans les circonstances où vous vous trouvez placé, pourrait avoir une plus grande importance s’il était ignoré de vous. Je veux parler de la vente à vil prix d’une partie de vos livres, d’un grand nombre de lettres confidentielles, de manuscrits divers, etc., etc. Parmi ces pièces, j’ai trouvé votre acte de naissance, les extraits de service de votre père et d’une autre personne de votre famille, votre brevet de l’ordre de Léopold, un de vos prix (le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet) et enfin deux volumes anciens, l’un intitulé Chronique du temps du très chrétien et valeureux Louis onzième du nom (que Dieu absolve), Paris, Galiot du Pré, 1558, 1 volume in-8°, portant l’estampille de la Bibliothèque Nationale, et un autre volume portant celle de la Bibliothèque du Louvre.

Ces divers objets me font présumer que cette vente se fait à votre insu et à votre préjudice, c’est pourquoi j’ai cru devoir vous en donner avis, vous priant de vouloir bien excuser mon indiscrétion.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec le plus profond respect

Votre très humble serviteur

Détaille fils.

15, rue des Bernardins, Paris.

L’individu chargé de cette vente est un marchand de meubles de la rue des Martyrs qui dit avoir acheté tous ces objets à l’un de vos domestiques.

3 juin 1852.

Qu’est-ce que c’est que cette vente ? Il me paraît impossible qu’elle ait été faite par tes ordres. Je t’avais recommandé, chère amie, de ne vendre aucun papier ni aucun livre. Il pourrait y avoir en effet dans mes livres des livres prêtés par des bibliothèques publiques ou en provenant et qu’il fallait leur rendre. Il faudrait dans tous les cas, et lors même

Share on Twitter Share on Facebook