Monsieur Henri Samuel, 7, rue des Secours, Bruxelles, par Ostende.

M. T. jeudi [18 juin 1854].

Est-ce que par hasard vous m’auriez pris au mot, mon excellent et cher éditeur ? Est-ce que ma lâche économie de ports de lettres vous paraîtrait sérieuse ? Elle me paraîtrait lugubre, à moi, si elle devait amener de telles lacunes dans nos bonnes causeries. Écrivez-moi donc, je vous prie, qu’il y ait du nouveau ou non, comme je fais, ne fût-ce que pour dire : Vale et nos ama. Je n’ose vous parler aujourd’hui de l’excursion à Jersey, car ce serait vous inviter au déluge ; pluie nuit et jour, averses sur le toit, brumes à la vitre, jardin noyé, boue jusqu’aux genoux, voilà notre idylle en ce moment. Depuis le grand mensonge de 1851, le soleil, lui aussi, ne fait plus que mentir ; la lumière copie les ténèbres ; voilà deux fois de suite que juin manque à sa parole d’honneur ; ces étés Bonapartes me deviennent odieux, surtout s’ils allaient jusqu’à nous priver de vous voir ainsi que madame Samuel ; mais j’espère. Juillet et août nous restent. Un rayon viendra bien, que diable !

Voulez-vous faire circuler notre circulaire ? Je vous l’envoie. Hélas ! nous en sommes à sonner la cloche d’alarme. Et les discours de l’exil ? Point de nouvelles de Freunt ? — Je ne reçois rien. — Je serre vos bonnes et courageuses mains.

V.

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