À M. Octave Giraud.

Hauteville-House, 17 janvier 1862.

Je vous remercie, monsieur, de m’avoir fait lire votre excellent écrit sur l’esclavage. L’esclavage est la plus grande des questions purement terrestres ; la moitié du monde disparaît sous cette nuit hideuse, une république s’y abîme : toutes les forces du progrès doivent se tourner de ce côté. Là est la honte, là est le crime, là sont les ténèbres. « L’homme possédé par l’homme ! » Ceci est la plus haute offense qui puisse être faite à Dieu, seul maître du genre humain. Un seul esclave sur la terre suffit pour déshonorer la liberté de tous les hommes. Aussi l’abolition de l’esclavage est-elle, à cette heure, le but suprême des penseurs. Vous avez bien fait, monsieur, d’élever la voix, vous tirez noblement l’épée pour la cause sainte ; vous êtes éloquent et vaillant ; avec des combattants tels que vous, le droit vaincra. Je vous remercie et je vous félicite.

Encore quelques efforts, le jour approche. L’esclavage est un ulcère à la face de la jeune république américaine, elle a beau se débattre ; malgré elle nous la délivrerons de son ulcère, et nous la guérirons.

Je vous serre la main, monsieur.

Victor Hugo.

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