À Charles.

[1864].

J’ai le cœur si triste et si noir que j’hésite à t’écrire, et cependant tu dois avoir besoin de mes lettres comme j’ai besoin des tiennes. Oh ! si tu savais comme tout te réclame et te redemande ici ! Hélas ! quand reviendras-tu reprendre ta place dans cette famille qui est la tienne, qui te regrette et qui te tend les bras ! Ne parle pas de ton isolement. Est-ce que tu ne sens pas là-bas la chaleur de ces deux cœurs tournés vers toi, du mien surtout qui te           et qui t’enveloppe de toutes les tendresses à la fois et de toutes les anxiétés. Nous parlons sans cesse entre nous de tout ce que tu souffres, nous le souffrons avec toi, je le souffre moi, plus que personne et autant que toi-même, et nous demandons à Dieu, si cela est possible, une fin prompte et heureuse pour cette bien longue et bien douloureuse épreuve. Reviens ! reviens ! je n’ai plus que ce cri dans l’âme et il me semble qu’à tant de distance tu dois l’entendre et le distinguer. Reviens !

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