À Théodore de Banville.

Castle Carry, 25 octobre [1864].

À mes petites lettres intimes vous faites de magnifiques réponses publiques. Je viens de lire dans La Presse votre splendide prologue aux Chansons des rues et des bois. C’est le rossignol annonçant l’alouette.

Puisque d’avance vous voulez bien aimer un peu ce livre, cela me décidera peut-être à le publier.

Un désir de vous, poëte, est un ordre à la muse.

Pourtant, pour lâcher ce nid en plein air et en plein vent, le ciel est bien sombre. J’hésite.

J’ai vu dans les journaux que j’avais été absent de Guernesey deux mois, c’est trois mois qu’il faut dire et je ne suis pas encore rentré. Je viens d’errer un peu, çà et là, le plus près possible de la frontière de France. J’ai vu les musées et les montagnes. J’ai souvent pensé à vous, poëte, en présence de la grande nature et de l’art éternel. La nature et l’art sont à vous ; vous avez la double lyre.

Soy todo tuyo.

Victor H.

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