À Frédéric Morin.

Bruxelles, 3 août 1865.

Cher philosophe, votre gracieux envoi m’a charmé. J’ai lu vos articles excellents ; j’ai lu vos Origines de la Démocratie. C’est un beau livre. Je me suis souvent arrêté sur ces pages profondes, leur faisant des questions auxquelles elles répondaient, conversation d’âme à âme entre vous et moi, à travers un livre. C’est que ce livre a la transparence de la lumière et le rayonnement de la vérité. J’ai causé avec votre ouvrage comme je causerais avec vous, et je vais l’emporter en voyage et m’en faire accompagner, car il est maintenant mon ami.

Vous donnez à la justice ses hautes et réelles formules, vous voyez l’histoire avec le regard du penseur, vous indiquez au Progrès sa vraie route dans l’avenir, en lui expliquant son véritable itinéraire dans le passé ; vous êtes la science servie par le style, le philosophe doublé de l’écrivain.

Je vous remercie de m’avoir fait lire cette œuvre enthousiaste et sagace, éloquente et logique ; je vous remercie de m’y avoir cité ; je vous remercie de l’avoir écrite.

Quand vous reverrai-je ? Vous m’avez laissé un souvenir cordial et charmant. Je sens encore la chaleur de votre serrement de main.

Votre ami,

Victor Hugo.

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