À Louis Boulanger.

Hauteville-House, 9 avril [1866].

Je ne suis pas absent, cher Louis, puisque j’ai toujours ma place dans votre cœur. Votre lettre me charme et m’émeut ; j’y sens notre jeunesse. Cette jeunesse, vous l’avez toujours. À petit enfant, jeune père, et votre enfant a six ans. Cette aurore se mêle gracieusement à vous-même, et vous en avez la lumière. Soyez heureux. Vous aimez mon livre, vous me le dites avec cette grande éloquence de l’artiste éminent, et cette douce cordialité du vieil ami.

J’ai sans cesse sous les yeux, dans ma masure d’exil, plusieurs œuvres fortes et éclatantes signées Louis Boulanger. Je les regarde, et je songe. — Où sont les roses d’antan ? — Vous êtes toujours mon peintre aimé, mon compagnon regretté, un de ces doux frères du commencement, plus précieux et plus chers encore à la fin.

Je me mets aux pieds de votre femme, cher Louis, et dans vos bras.

V.

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