À Madame Victor Foucher.

H.-H., 6 février [1866].

Votre affliction, ma chère Mélanie, est la nôtre. J’ai eu le cœur profondément atteint par ce coup inattendu. Votre mari était le vieux compagnon de mon enfance et de ma jeunesse. Nos deux destinées se sont longtemps côtoyées, nos deux cœurs se sont longtemps compris. Aujourd’hui, qu’il est une âme, il voit le fond de ma pensée. J’offre ma conscience sereine aux morts comme je l’offre à Dieu. Ils voient le vrai, eux qui habitent la lumière. À cette heure, votre mari et moi nous nous entendons. L’exil sépare, mais la mort rapproche. Je pleure avec vous, ma chère sœur, et j’espère avec vous. La tombe est une porte comme une autre, au delà de laquelle on se revoit. Je vous embrasse avec une sympathie cordiale et profonde.

Votre frère

Victor Hugo.

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