À Crémieux.

Hauteville-House, 28 juin.

Mon cher Crémieux, vous écrivez comme vous parlez, avec l’éloquence électrique. Votre lettre m’a fait battre le cœur. Elle vibrait en moi comme votre voix même. Je vous remercie, mon ami. La grande poésie orientale, le grand art grec, le grand art latin relèvent de la nature. C’est la nature seule qui est reine de l’art, comme la liberté est reine de la cité. Le dix-septième siècle est fatalement monarchique ; de là son infériorité. Corneille et Molière mis à part. Nous, fils de la Révolution, déployons le drapeau de l’idéal ; et, aux philosophes comme aux artistes, crions : en avant !

C’est là ce que j’ai fait. 1867 l’accepte comme 1830, et mieux encore. Vous, ami, vous me serrez la main, et je me sens heureux de n’être plus tout à fait un vaincu, quoique je sois encore un exilé.

À vous, ex imo

Victor Hugo.

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