À Albert Lacroix.

Décembre 1868.

Mon cher éditeur,

Le roman historique est un très bon genre, puisque Walter Scott en a fait ; et le drame historique peut être une très belle œuvre, puisque Dumas s’y est illustré ; mais je n’ai jamais fait de drame historique ni de roman historique. Quand je peins l’histoire, jamais je ne fais faire aux personnages historiques que ce qu’ils ont fait, ou pu faire, leur caractère étant donné, et je les mêle le moins possible à l’invention proprement dite. Ma manière est de peindre des choses vraies par des personnages d’invention.

Tous mes drames, et tous mes romans qui sont des drames, résultent de cette façon de voir, bonne ou mauvaise, mais propre à mon esprit.

Par ordre du Roi sera donc l’Angleterre vraie, peinte par des personnages inventés. Les figures historiques, Anne, par exemple, n’y seront vues que de profil. L’intérêt ne sera, comme dans Ruy Blas, les Misérables, etc., que sur des personnages résultant du milieu historique ou aristocratique d’alors, mais créés par l’auteur.

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