À Albert Lacroix.

Hauteville-House, 4 avril 1869.

Monsieur,

Moyennant la somme de quarante mille francs par volume, et non de cinquante mille, comme on l’a imprimé par erreur, vous avez acquis de moi le droit de publication et de traduction, pendant douze années, de l’Homme qui Rit, et d’un autre ouvrage que j’aurai à vous livrer plus tard.

Aujourd’hui vous faites paraître l’Homme qui Rit dans des conditions de publication imprévues et inusitées, et qui, en équité, excèdent évidemment votre droit.

Les remontrances ont été vaines. Vous avez persisté et vous persistez. Je ne m’adresserai pas aux tribunaux. La perte de mon procès contre le Théâtre Italien, procès gagné ensuite par Mme Scribe, m’a prouvé que, dans ma situation, être hors de France, c’est être hors la loi. Cette situation, je l’accepte.

Du reste, en présence du fait insolite auquel donne lieu la mise en vente de l’Homme qui Rit, me tenir à l’écart me suffit. Le mode inattendu de publication, adopté par vous pour ce livre, m’étonne, je le déclare, je n’en suis pas solidaire, et je tiens à le dire hautement.

Recevez l’assurance de mes sentiments distingués.

Victor Hugo.

Share on Twitter Share on Facebook