À Madame Cessiat de Lamartine.

Hauteville-House, 10 mars 1869.

Madame,

Depuis 1821, j’étais étroitement uni de cœur avec Lamartine. Cette amitié de cinquante ans subit aujourd’hui l’éclipse momentanée de la mort. Je n’ai pas voulu, dans les premiers moments, importuner votre douleur des sympathies de la mienne ; mais à cette heure, vous me permettez, n’est-ce pas, madame, de vous dire, à vous qui lui teniez par le sang, à vous qui l’aimiez et qu’il aimait, mon deuil profond. Toutes les formes de la gloire, depuis la popularité jusqu’à l’immortalité, Lamartine les a, radieux poëte, orateur puissant et durable. Il nous semble mort, il ne l’est pas. Lamartine n’a pas cessé de rayonner. Il a désormais un double resplendissement : dans notre littérature où il est esprit, et dans la grande vie inconnue où il est étoile. Je mets à vos pieds, madame, mon respect.

Victor Hugo.

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