À Gaston Tissandier.

Hauteville-House, 9 mars 1869.

Je crois, monsieur, à tout le progrès. La navigation aérienne est consécutive à la navigation océanique ; de l’eau l’homme doit passer à l’air. Partout où la création lui sera respirable, l’homme pénétrera dans la création. Notre seule limite est la vie. Là où cesse la colonne d’air dont la pression empêche notre machine d’éclater, l’homme doit s’arrêter. Mais il peut, doit et veut aller jusque-là, et il ira. Vous le prouvez. Je prends le plus grand intérêt à vos utiles et vaillants voyages perpendiculaires. Votre ingénieux et hardi compagnon, M. W. de Fonvielle, a comme M. Victor Meunier, l’instinct supérieur de la science vraie. Moi aussi, j’aurais le goût superbe de l’aventure scientifique. L’aventure dans le fait, l’hypothèse dans l’idée, voilà les deux grands procédés de découverte. Certes, l’avenir est à la navigation aérienne, et le devoir du présent est de travailler à l’avenir. Ce devoir, vous l’accomplissez. Moi, solitaire, mais attentif, je vous suis des yeux et je vous crie : courage !

Victor Hugo.

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