à Madame Jules Simon.

Paris, 18 octobre. Madame, il s’agit d’une bonne action, et vous ne me trouverez pas importun. Je connais votre cœur. M Henry Maret agonise à l’hôpital militaire où il a été durement enfermé. Sa jeune femme au désespoir m’écrit. J’avais écrit pour M H Maret à Mme Lambrecht, mais c’était le 7 octobre et le 8 M Lambrecht mourait ; malheur à contre-coup, car en frappant M Lambrecht, il a atteint M Maret. M Henry Maret a deux petits enfants ; c’est un écrivain d’esprit et de talent, qu’il ne faut pas condamner à mort parce qu’il est condamné à la prison. Son admission dans une maison de santé le sauverait. Je crois me souvenir que M Jules Simon, le jour où il m’a fait l’honneur de dîner chez moi l’an passé, s’y est rencontré avec M Henry Maret. Un mot de vous à M Jules Simon et un mot de M Jules Simon à M Casimir-Perier sauverait M Maret. Il s’agit simplement de remplacer l’hôpital militaire, peu fait pour des écrivains, par une maison de santé. Vous le voudrez, madame ; je n’ai pas besoin de vous en prier ; je me borne à appeler votre attention sur cette jeune femme et sur ces deux petits enfants, et je mets leur douleur et mon respect à vos pieds. Victor Hugo.

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