à Paul Stapfer. H-H, 5 juillet 1870.

J’ai lu, monsieur, et je relirai votre travail sur Sterne. C’est un livre. Je suis en désaccord avec vous, vous le savez, sur plusieurs points essentiels en littérature et en politique, mais je rends pleine justice aux fortes qualités de votre excellent esprit. Vous êtes un écrivain ingénieux et vif, et vous avez une pénétration sagace qui mériterait de ne se tromper jamais. Votre œuvre sur Sterne abonde en pages qui forcent le lecteur à des temps d’arrêt. Vous avez ce grand don de l’écrivain : rendre le lecteur pensif. Je vous remercie de m’avoir envoyé votre remarquable livre. De même qu’il y a des épées de chevet, il y a des livres de solitude. Un livre qui résiste à un solitaire est un bon livre. Votre livre m’a résisté. Je lui ai fait porter cette surcharge de mes longues heures de rêverie et de travail, et toutes les exigences de ma pensée si difficile à distraire. Il s’est très bien tiré de la tâche que je lui imposais, il m’a charmé, il m’a enseigné et renseigné, et je vous envoie mon cordial applaudissement. Victor Hugo.

Share on Twitter Share on Facebook