au même.

8 mars, 4 heures. Cher ami, évènement. L’assemblée et la ville sont en rumeur. Je viens de donner ma démission. Voici comment et pourquoi. Garibaldi a été nommé dans je ne sais plus quel département. Le rapporteur est monté à la tribune et a proposé l’annulation de l’élection, vu que Garibaldi n’est pas français . Applaudissements violents de la droite. Le président a dit : je mets l’annulation aux voix. Personne ne demande la parole ? J’ai dit : si ! Moi. Profond silence. J’ai bien parlé (vous verrez mes paroles dans le moniteur ). Mais la droite était furieuse. Elle a insulté Garibaldi. Alors j’ai dit : Garibaldi est le seul des généraux français engagés dans cette guerre qui n’ait pas été vaincu. -là-dessus, épouvantable tempête. Cris : à l’ordre ! Dans un intervalle entre deux ouragans, j’ai dit : je demande la validation de l’élection de Garibaldi . Cris plus effroyables encore : à l’ordre ! à l’ordre ! Nous voulons que le président rappelle M Victor Hugo à l’ordre ! — tumulte et orage inexprimablement furieux. J’ai fait de la main un geste. On s’est tu. J’ai dit : -je vais vous satisfaire. Je vais même aller plus loin que vous (profond silence). Il y a trois semaines vous avez refusé d’entendre Garibaldi. Aujourd’hui vous refusez de m’entendre, cela me suffit. Je donne ma démission. L’effet a été immense. Ils sont consternés. Vous aurez demain la chose in extenso dans le moniteur . à vous ex imo . V H.

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