Au Rédacteur en chef de l’Indépendant de la Charente-Inférieure.

11 février 1869.

Mon honorable concitoyen, certes, je répondrai à votre appel. L’Indépendant de la Charente-Inférieure a des états de service. Peu de journaux ont mieux compris que lui la révolution. Il tient fermement les deux drapeaux, le drapeau politique de 1789, le drapeau littéraire de 1830.

Il a la double intelligence des principes et des idées, et il combat la réaction sous toutes ses formes, sous la forme classique comme sous la forme monarchique, c’est là l’idéal du journal révolutionnaire. Certes, je le répète, je suis un des vôtres, un des vôtres pour attester le succès que vous méritez, un des vôtres pour faire front dans la lutte que vous soutenez.

Vous me demandez quelques lignes, je vous envoie une page. Insérez de ma lettre ce que vous voudrez et ce que vous pourrez. Dans ce pays de liberté que j’habite, j’ai perdu le sentiment de la mesure et de la proportion, et je me figure qu’on peut parler aussi haut en France qu’en Angleterre. La justice vous prouve, hélas, le contraire. Il est possible que la justice ait raison, mais il est probable que la liberté n’a pas tort.

Je vous serre la main et je vous crie courage.

Victor Hugo.

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