À Madame Zélie Robert.

1er février. Paris.

Ceux qui se plaignent de moi, madame, ont tort et ont raison. On me croit puissant, et je ne le suis pas ; on me croit millionnaire, et je suis loin de l’être. De là des déceptions. Je fais ce que je puis, et ce que je puis est bien peu. J’ai épuisé cette année toutes mes ressources ; j’ai donné depuis un an plus de vingt-cinq mille francs; qu’est-ce que cette goutte d’eau dans l’immense misère publique ? Rien. Et ce rien est beaucoup pour moi. Donc on a raison, et l’on a tort. Vous, madame, noble femme que vous êtes, vous me rendez justice, et vous savez que je n’épargne aucun effort pour aider, secourir et délivrer ceux qui souffrent.

Votre fils m’a écrit ; je m’occupe de lui ; mais, à vrai dire, je ne compte que sur l’amnistie. On va jouer Ruy Blas ; dès que j’en serai débarrassé, je donnerai séance à notre excellent Nadar, car je tiens à vous obéir, madame. Vous êtes tout à la fois une généreuse mère et une charmante femme. Offrez à M. votre mari mes meilleurs compliments, et croyez, Madame, que je serai bien heureux de ne pas être inutile à votre pauvre jeune fils.

Victor Hugo.

Je vous envoie tous mes vœux de succès et je mets tous mes hommages

à vos pieds.

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