Au même.

Jeudi 8 [août 1867],

Vous savez l’incident, cher Auguste, il est grave. Ruy Blas interdit éclaire Hernani menacé. Ce que le Vaudeville fait pour la Famille Benoîton, le Théâtre-Français ne le fait pas pour Hernani.

« Au Vaudeville, tous les soirs, à 8 heures, la Famille Benoîtton, comédie de M. Sardou, dont le succès dépasse toutes les prévisions. Aussi, convaincue qu’elle pourra finir l’été avec cet ouvrage, la direction fait répéter tous les rôles en double, afin de pouvoir parer à toute éventualité. »

On prend des précautions pour M. Sardou, on n’en prend pas pour moi. Pourquoi ? parce que le Vaudeville craint les interruptions pour la Famille Benoîtton, et que le Théâtre-Français (lisez : le gouvernement) les espère pour Hernani. Au besoin, il les produira. Par quel moyen ? je l’entrevois, par les congés.

Donc, le 24, M. Bressant sera à Trouville. On me dira : c’est son congé annuel. Je reprends : un congé se rachète. Pendant Angelo, l’été venu, pour ne pas interrompre les représentations et les recettes, le Théâtre-Français a racheté un mois du congé de Mlle Mars. (Quelle grue ! par parenthèse !) Je reprends : si le Théâtre-Français ne veut pas racheter le congé de M. Bressant, qu’il donne le rôle à apprendre à M. Lafontaine. Le décret de Moscou le veut, oui, mais le gouvernement Doucet-Vaillant-Bonaparte ne voudra pas. Qu’en dites-vous ? Dans tous les cas ne faudrait-il pas poser la question ? Que signifie M. Bressant à Trouville ? Est-ce que nous allons interrompre Hernani ? En pleines recettes ? — Mettre au pied du mur me semble utile. Pourtant jugez et décidez. Je crois en vous plus qu’en moi. (J’ai la vague idée que c’est pour donner les bons jours à Monsieur le duc Job qu’on a donné les jours d’opéra à Hernani et dérangé les représentations.) Je pense aussi qu’une fois Hernani interrompu on ne le reprendra pas, et l’interdiction retombera sur mon répertoire. Ouf ! dira le gouvernement.

Je confie tout à votre admirable amitié.

V.

Votre petite note aux journaux, partout reproduite, est ce qu’on pouvait faire de mieux. C’est égal, je crois que le théâtre enrage de ce que la recette, au lieu de décroître, a monté. Mais vous présent, il se sent surveillé. Continuez-moi votre providence. Meurice et vous, vous êtes mes Dioscures.

Merci pour cet excellent article an journal d’Annonces. J’ai reconnu votre écriture sur la bande. Merci toujours. Con todo el mio corazon.

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