H.-H., dim. 26 [janvier 1868].
Dites à ma bien-aimée souffrante, je vous prie, cher Auguste, que si elle n’a pas peur d’une traversée de mer, Guernesey lui tend les bras. Sa lectrice de Chaudfontaine lui lira tant qu’elle voudra. Julie écrira sous sa dictée, et moi je ferai tout ce qui pourra l’égayer et la distraire. Le printemps aidant, la santé reviendra. Si elle craint la mer, (un peu dure en effet en ce moment) je hâterai le moment de la réunion à Bruxelles. Et de celle-là vous serez, j’espère. Et quelle joie d’entendre Faust ! — Que vous êtes admirable pour Hernani ! — Merci, merci , merci. Pardonnez-moi ce rabâchage. — Garibaldi m’a répondu. En vers. En vers français. J’ai sa lettre tout entière de sa main. Il est difficile de la publier à cause des fautes de versification dont les brutes de l’Univers-Veuillot triompheraient. La difficulté est tournée par ce que je vous envoie. Soyez assez bon pour vous charger de transmettre ces épreuves. Les journaux feront ce qu’ils voudront. J’ai envoyé directement à M. J. Claretie.
Rendez-moi, cher ami, le service de m’envoyer le Petit Figaro du jeudi 23. Victor me dit qu’il est fait pour moi, et justement je n’ai pas reçu ce numéro-là. J’ai le 22 et le 24. Pas le 23. — Le théâtre Thierry-Vaillant-Doucet enterre Hernani après une recette de 6 000 fr. C’est Tartufe mettant son chapeau sur la tête. — C’est à vous d’en sortir. — Cher Auguste, je suis à vous du fond du cœur.
V.
Voudrez-vous couper ces quatre lignes pour ma femme.
Chère bien-aimée, Auguste te lira ma lettre. Tout ce que tu voudras sera fait. Je ne veux qu’une chose, que tu sois gaie, heureuse et bien portante. — Tels sont les ordres du tyran. Je t’aime profondément et je te serre dans mes bras.