À Théophile Gautier.

H.-H., 29 avril 1868.

Cher Théophile, je viens de lire vos pages magnifiques sur la Légende des Siècles. J’en suis plus qu’ému, j’en suis attendri. Les douces voix arrivent donc encore dans ma solitude. Notre jeune affection est devenue une vieille amitié. Les gouffres qui sont entre nous n’empêchent pas votre regard de chercher le mien et ma main de serrer la vôtre. Vous me donnez une de vos couronnes, vous qui avez droit à toutes. Comme poëte, vous êtes une voix de l’idéal ; comme critique, vous êtes une voix de la gloire.

— Pourquoi donc un laurier a-t-il poussé ici ? — C’est que Pétrarque y a parlé.

Ce qu’on disait de Pétrarque, on le dira de vous :

Où votre critique sème sa parole, le laurier pousse.

À Auguste Vacquerie.

H.-H., 30 avril.

Dans ma tristesse, les marques de votre amitié me sont bien douces, cher Auguste. Quelle lettre excellente vous m’avez écrite ! Vous m’analysez admirablement ces Sacy, ces Thierry, etc. — Gautier m’a touché par sa grande et belle page sur la Légende des Siècles. J’ai reçu par vous le vigoureux article d’Am. Blondeau. Dans tout ce qui me vient de bon, je vous reconnais. — J’espère que ma chère malade est maintenant tout à fait remise. — J’ai l’intuition que c’est notre doux petit Georges qui va revenir. Avant peu, nous serons tous réunis à Bruxelles. Vous nous y lirez du Faust. Je compte me baigner l’esprit dans votre lumière. Que je voudrais déjà tenir ce livre ! Je travaille, c’est ma ressource contre la tristesse, et j’espère, c’est mon appui dans le travail.

Soy todo tuyo.

V..

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