à Paul Meurice.

30 octobre.

Cher ami, voici la lettre. à propos du plébiscite, vous verrez que j’ai, comme toujours, tenu compte de vos observations. Pour une simple lettre, des moins ou des astérisques auraient un peu de prétention ; des blancs conviendraient mieux et suffiraient à marquer les repos et les divisions. Il faudrait donc un blanc de deux lignes ou d’une ligne et demie partout où j’ai mis une barre rouge. Vous m’approuvez, n’est-ce pas ? à vous. ex imo. V.

au même. jeudi 4 novembre. Cher Meurice, on peut aller aussi vite qu’on voudra. La fin de la copie est prête. Seulement il me semble inutile de la donner trop tôt pour qu’elle traîne à l’imprimerie. Les 10 premiers mois sont donnés. Il ne me reste à donner que juin et juillet (les plus longs, il est vrai) et l’épilogue (une page). Votre. V.

à Paul De Saint-Victor. 5 nov. Que de choses dans votre beau livre. Quelle puissante page que le gros Guillaume ! Et tant d’autres ! — je voudrais causer avec vous. Je vous dirais mes dissidences. Sur la Prusse nous sommes d’accord, sur la commune aussi. Seulement l’assemblée est pire. Vous êtes un noble esprit, toujours tourné vers l’idéal. Nous nous rencontrerons toujours dans la lumière. Je suis votre ami. Victor Hugo.

à Monsieur Edme Laurency. 7 novembre. Monsieur, le livre dont vous êtes le publicateur se rattache à cette famille de livres mystérieux dont font partie la bible hébraïque et les autres bibles de l’orient. Les apocryphes , sur lesquels aucun jugement sain n’a encore été porté, sont un des groupes de ce grand ensemble d’œuvres étranges, mi-partie d’esprit terrestre et d’esprit visionnaire. Tous ces livres, à commencer par le zend-avesta et à finir par le koran , sont acceptés par la science comme sujets d’études, et ils offrent un sérieux intérêt aux poëtes, qui ont pour contemplation l’idéal, et aux philosophes, qui ont pour visées l’infini. à ce double point de vue, je lirai votre livre. Je crois vous l’avoir dit déjà, je crois en Dieu, parce qu’il m’est mathématiquement démontré, et je suis de ceux qui pensent, avec Arago, qu’en dehors des sciences exactes, on ne peut rien affirmer ni rien nier. Cette réserve respectueuse devant le possible est la loi de ma conscience. Je laisse ouverte la porte de ma pensée, et tout rayon y peut entrer ; mais mon œuvre, que je tâche de faire utile, demeure personnelle, par obéissance même pour l’inconnu qui donne à chacun de nous une fonction sur la terre ; et je sens que j’accomplis le vrai devoir humain en maintenant absolument la liberté solitaire de mon esprit. Je vous remercie de votre honorable dédicace, et je vous offre ma plus cordiale sympathie. Victor Hugo.

à Auguste Vacquerie. vendredi soir 10 novembre. Que vous seriez gentil, cher Auguste, de venir dîner avec nous, en étroite intimité, après-demain dimanche, à 7 h, 55, rue Pigalle ! Mettez ma requête aux pieds de Mesdames Lefèvre. Nous les espérons avec vous. Nous vous demanderons de venir ainsi une fois toutes les semaines, avec Ernest Lefèvre quand il sera là. Vous ne nous refuserez pas. C’est si bon de s’aimer de près ! Votre vieux compagnon d’exil. V.

à Jules Janin. 10 novembre 1871. Mon éminent confrère, je n’étais pas hier à l’institut, j’y étais pourtant ; ma présence publique vous était inutile ; mais vous savez bien que mon cœur et mon esprit étaient là où l’on vous applaudissait. Je suis fier d’être nommé dans votre noble et beau discours. Vous appartenez à la grande académie historique, composée des seuls noms qui surnagent, très diverse, une pourtant ; vous êtes dans cette légion d’esprits une lumière. Il y a en vous quelque chose d’Horace et quelque chose de Diderot ; on vous écoute comme le premier et l’on vous aime comme le second. Je suis à vous de tout mon cœur. Victor Hugo.

à Madame Eugène Garcin. Paris, 14 novembre. Je vous remercie, madame, de m’avoir fait lire votre page éloquente et indignée contre les bourreaux de la terreur blanche. Non, la peine de mort politique ne sera pas rétablie. Cette dernière honte sera épargnée à la France. Malheur à ceux qui relèveraient l’échafaud ! Je fais, madame, le même effort que vous. Quelles que soient les férocités béantes, dans la minute étrange où nous sommes, j’espère que nous leur ferons obstacle, et que la justice, identique parfois à la clémence, prévaudra. Vous avez bien voulu vous souvenir de mon nom, je mets à vos pieds, madame, mes remerciements et mes respects. Victor Hugo.

à Paul Meurice. 20 novembre. Cher doux ami, encore un souci que je vous donne. Mais quelle idée avez-vous d’être ma providence ! Cela vous accable d’ennuis. Voici la déclaration à intercaler dans la note relative au dénouement de l’incident belge . Cela fait, le volume est complet, qu’on m’envoie épreuve, et l’on peut paraître. tuus. V.

N’êtes-vous pas d’avis qu’il faudrait clicher ce volume ?

à Monsieur Léo Neddy. Paris, 26 novembre. Vous me communiquez, en manuscrit, le remarquable travail intitulé : 30 novembre. — Champigny et signé Léo Neddy. Vous me demandez ce que j’en pense, je réponds : publiez-le. Il faut que le jour se fasse sur la déplorable défense de Paris ; cet affreux siège, terminé par une capitulation fatale, se résume en deux mots : peuple héroïque, chefs incapables. Débloquer Paris était possible ; Paris débloqué, c’était la France sauvée. Commencer l’histoire est le devoir des contemporains ; l’achever est le droit de la postérité. Je vous félicite de commencer, et je vous engage à continuer. Victor Hugo.

à Paul Meurice. mardi 27 novembre. Cher Meurice, voici ce qu’attend M Mosler. Il m’a semblé qu’il valait mieux séparer ma réclamation et ne pas la mêler à la lettre d’envoi des 4500 fr. Est-ce votre avis ? Il importe que M Aymard ne se dessaisisse des deux traites qu’en recevant le traité de mon fils avec M Lacroix. Nous avons affaire à la mauvaise foi même. Je n’ai absolument rien reçu de l’odéon. à vous profondément. V.

à Albert Lacroix. Paris, 20 décembre. Monsieur A Lacroix, éditeur. En vous envoyant la lettre ci-jointe et les deux traites, rachat du livre les hommes de l’exil , je crois devoir vous rappeler que vous avez reçu en dépôt pour moi, il y a trois ans bientôt, la somme de mille francs , payée par l’éditeur allemand, acquéreur de la traduction de l’homme qui rit . Je vous prie de me rembourser cette somme. Vous aurez à décider si, ayant réclamé des intérêts pour les 4000 francs que je vous rembourse au nom de mon fils, il vous convient d’en payer pour les 1000 francs que vous me devez. Agréez mes salutations. Victor Hugo.

à Auguste Vacquerie. jeudi soir. Cher Auguste, j’ai cru devoir conseiller à Victor la plus grande cordialité envers un homme qui a écrit sur sa mère et sur notre deuil la page émue que vous connaissez. Vous ne me blâmerez pas. Quelle page poignante et puissante, le meurtrier ! je l’ai lue ce matin, je vais la relire ce soir. à vous profondément. V.

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