I

                     

À présent que c’est fait, dans l’avilissement

Arrangeons-nous chacun notre compartiment ;

Marchons d’un air auguste et fier ; la honte est bue ;

Que tout à composer cette cour contribue,

Tout, excepté l’honneur, tout, hormis les vertus.

Faites vivre, animez, envoyez vos foetus

Et vos nains monstrueux, bocaux d’anatomie ;

Donne ton crocodile et donne ta momie,

Vieille Égypte ; donnez, tapis-francs, vos filous ;

Shakespeare, ton Falstaff ; noires forêts, vos loups ;

Donne, ô bon Rabelais, ton Grandgousier qui mange ;

Donne ton diable, Hoffmann ; Veuillot, donne ton ange ;

Scapin, apporte-nous Géronte dans ton sac ;

Beaumarchais, prête-nous Bridoison ; que Balzac

Donne Vautrin ; Dumas, la Carconte ; Voltaire,

Son Frélon que l’argent fait parler et fait taire ;

Mabile, les beautés de ton jardin d’hiver ;

Le Sage, cède-nous Gil Blas ; que Gulliver

Donne tout Lilliput dont l’aigle est une mouche,

Et Scarron Bruscambille, et Callot Scaramouche.

Il nous faut un dévot dans ce tripot païen ;

Molière, donne-nous Montalembert. C’est bien ;

L’ombre à l’horreur s’accouple et le mauvais au pire.

Tacite, nous avons de quoi faire l’empire ;

Juvénal, nous avons de quoi faire un sénat.

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