XIV À PROPOS DE LA LOI FAIDER

Ce qu’on appelle charte ou constitution,

C’est un antre qu’un peuple en révolution

Creuse dans le granit, abri sûr et fidèle.

Joyeux, le peuple enferme en cette citadelle

Ses conquêtes, ses droits, payés de tant d’efforts,

Ses progrès, son honneur ; pour garder ces trésors,

Il installe en la haute et superbe tanière

La fauve liberté, secouant sa crinière.

L’œuvre faite, il s’apaise, il reprend ses travaux ;

Il retourne à son champ, fier de ses droits nouveaux,

Et tranquille il s’endort sur des dates célèbres,

Sans songer aux larrons rôdant dans les ténèbres.

Un beau matin, le peuple en s’éveillant va voir

Sa constitution, temple de son pouvoir ;

Hélas ! de l’antre auguste on a fait une niche.

Il y mit un lion, il y trouve un caniche.

Jersey, décembre 1852.

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