X À un qui veut se détacher

Maintenant il se dit : — L’empire est chancelant ;

La victoire est peu sûre. —

Il cherche à s’en aller, furtif et reculant.

Reste dans la masure !

Tu dis : — Le plafond croule. Ils vont, si l’on me voit,

Empêcher que je sorte. —

N’osant rester ni fuir, tu regardes le toit,

Tu regardes la porte ;

Tu mets timidement la main sur le verrou.

Reste en leurs rangs funèbres !

Reste ! la loi qu’ils ont enfouie en un trou

Est là dans les ténèbres.

Reste ! elle est là, le flanc percé de leur couteau,

Gisante, et sur sa bière

Ils ont mis une dalle. Un pan de ton manteau

Est pris sous cette pierre.

Pendant qu’à l’Élysée en fête et plein d’encens

On chante, on déblatère,

Qu’on oublie et qu’on rit, toi tu pâlis ; tu sens

Ce spectre sous la terre.

Tu ne t’en iras pas ! quoi ! quitter leur maison !

Et fuir leur destinée !

Quoi ! tu voudrais trahir jusqu’à la trahison,

Elle-même indignée !

Quoi ! tu veux renier ce larron au front bas

Qui t’admire et t’honore !

Quoi ! Judas pour Jésus, tu veux pour Barabbas

Être Judas encore !

Quoi ! n’as-tu pas tenu l’échelle à ces fripons,

En pleine connivence ?

Le sac de ces voleurs ne fut-il pas, réponds,

Cousu par toi d’avance ?

Les mensonges, la haine au dard froid et visqueux,

Habitent ce repaire ;

Tu t’en vas ! de quel droit ? étant plus renard qu’eux,

Et plus qu’elle vipère !

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