NOTE IV


On ne peut pas vivre sans pain ;
On ne peut pas non plus vivre sans la patrie.

Livre VII. — xiv. Chanson.

Nous croyons utile de reproduire ici les deux discours de l’auteur de ce livre, au nom de la proscription de Jersey, sur la tombe des deux derniers proscrits morts à Jersey. (Nous écrivons cette note le 1er octobre 1853.)

Voici les discours :

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Suivent, dans l’édition belge, les Discours prononcés sur les tombes de Jean Bousquet et de Louise Julien, reproduits au tome second d’« Actes et Paroles. — Pendant l’exil ».

1870

NOTE I

L’édition de 1870, la première publiée en France après la chute de l’empire, est précédée de l’Avertissement que voici :

AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR

Chacun sait que l’immortel livre que nous réimprimons ici est né dans l’exil. Une seule édition y fut imprimée en 1853 sous les yeux de l’auteur et par nos soins. Depuis, d’innombrables contrefaçons en ont été faites, dont le moindre défaut était souvent l’incorrection la plus grossière. La législation imposée par l’empire avait ses contre-coups même sur les pays circonvoisins. Elle était telle, que, pour être assuré du secret, il fallut créer une imprimerie et un imprimeur, et que l’auteur, se trouvant n’avoir nulle part aucun droit sur son livre, n’a jamais, non plus que son éditeur, tiré un sou de son énorme débit, depuis la première édition publiée à ses frais pour la plus grande partie, puis aux frais du colonel Charras, de Victor Schœlcher, et aux miens pour le reste. C’est à nos dépens que nous avons tous, par une cotisation de nos ressources d’exilés, pu faire entendre à l’empire les premières paroles de vérité.

Cette édition de 1853 faite, l’auteur n’a pu même essayer de revoir les éditions de contrefaçon de son œuvre et les empêcher de se substituer à l’édition primitive. Un nombre immense d’exemplaires des Châtiments dans ces éditions ultra-défectueuses se sont ainsi répandus dans le monde entier, et, récemment, car la contrefaçon a toujours été attentive, elle n’aime nulle part à perdre son temps, ils ont fait irruption en France, et y demeureraient si l’éditeur primitif du livre, d’accord avec l’auteur, n’avait pour devoir de les arrêter. La spéculation en était venue même à ce point d’effronterie de vendre sous le nom de Victor Hugo des rapsodies telles que le Christ au Vatican. Quelques contrefaçons des Châtiments portent cet appendice inepte. L’heure est enfin venue de donner une édition complète des Châtiments, digne de l’œuvre et digne de la France.

L’édition que nous publions, augmentée de plusieurs pièces, est donc plus complète qu’aucune autre et que l’édition primitive elle-même.

Lue ou relue avec l’esprit de vérité qui souffle enfin sur notre pays, l’œuvre de Victor Hugo semblera nouvelle aujourd’hui. Elle apparaîtra telle à ceux mêmes qui la savent par cœur ; elle montrera aux temps futurs qu’il y a eu, dès l’empire, la justice anticipée de la poésie sur l’histoire.

Les Châtiments resteront comme une de ces œuvres éternelles qui plaident aux yeux de l’avenir pour les faiblesses d’un peuple aveugle, et qui finalement les rachètent. « La lumière était donc quelque part. Il y avait donc quelque part un flambeau qu’aucune tempête n’avait pu éteindre, se diront nos enfants. Rien n’était dès lors tout à fait perdu, puisque, du milieu des abaissements les plus extrêmes, une telle voix parlait encore. »

J. Hetzel.

NOTE II

patria. Musique de Beethoven.

Livre VII. — vii.

Ce chant en l’honneur de la France a deux auteurs ; l’un français, pour les paroles, l’autre allemand pour la musique ; symbole de cette sainte fraternité de la France et de l’Allemagne que les rois ne parviendront point à détruire. Voici l’admirable musique de Beethoven :

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1882

Nous notons, dans le manuscrit original, les variantes et suppressions qui suivent :

Une des premières pages donne ces projets de titre : — Néron au carcan. — L’empire au pilori. — Rendons à César ce qui appartient à Mandrin.

Livre I. — iv. Aux Morts du 4 décembre.

Toi, marchand, tu pensais à ton navire en charge,
Aux écueils, aux hasards des mers, aux vents du large ;
Tu dormais mal, souvent ;
Vous songiez, toi, jeune homme, à l’avenir qui presse,
Toi, vieillard, au passé, toi, riche, à ta richesse,
Toi, mère, à ton enfant.

Livre II. — i. Idylles.

le sénat.

Du jour de l’an à Saint-Sylvestre,
Chantons l’ordre et son paladin !

Fanfare ! honneur ! statue équestre !
Dressons un orchestre au jardin !
Dressons dans ta salle un orchestre !

Livre III. — viii. Splendeurs.

Mabile, prête-nous tes beautés aux yeux d’ange,
Au cœur de goule, errant dans ton jardin d’hiver ;
Beaumarchais, donne-nous Bégears, que Gulliver
Donne tout Lilliput dont l’aigle est une mouche,
Et Scarron Jodelet, et Callot Scaramouche.

Livre IV. — xiii. On loge à la nuit.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

On croit voir de l’enfer le troisième dessous,
Maints grimauds sur le seuil t’offrent pour trente sous
Leur admiration laveuse de vaisselle,
De la cave au grenier la gargote étincelle.

Livre V. — x. À un qui veut se détacher.

Reste ! — Si c’est un antre où ceux qui font le mal,
Joyeux, ôtent leur casque,
N’as-tu pas un stylet comme eux ? Si c’est un bal,
Dis, n’es-tu pas un masque ?

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Quoi ! tout ce qu’ils ont fait, ne l’as-tu pas loué ?
Disant : c’est légitime !
Reste ! et sois le poteau sinistre où pend, cloué,
L’écriteau de leur crime !

Livre VI. — viii. Aux Femmes.

. . . . Vous êtes bien le sexe fier et doux

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Qui suscite la Juive et les sept Machabées,
Et, quand Jeanne a saisi nos bannières tombées,
Du sacre et du bûcher lui montre les chemins.

Lux.

Ô République universelle,
L’astre n’est encor qu’étincelle ;
Mais, pareille au soleil joyeux,
Couvrant les Paris et les Romes,
Tu seras la clarté des hommes,
Comme il est la clarté des cieux.

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