X

Ce serait une erreur de croire que ces choses

Finiront par des chants et des apothéoses ;

Certe, il viendra, le rude et fatal châtiment,

Jamais l’arrêt d’en haut ne recule et ne ment ;

Mais ces jours effrayants seront des jours sublimes.

Tu feras expier à ces hommes leurs crimes,

Ô peuple généreux, ô peuple frémissant,

Sans glaive, sans verser une goutte de sang,

Par la loi ; sans pardon, sans fureur, sans tempête.

Non, que pas un cheveu ne tombe d’une tête ;

Que l’on n’entende pas une bouche crier ;

Que pas un scélérat ne trouve un meurtrier.

Les temps sont accomplis ; la loi de mort est morte.

Du vieux charnier humain nous avons clos la porte.

Tous ces hommes vivront. — Peuple, pas même lui !

Nous le disions hier, nous venons aujourd’hui

Le redire, et demain nous le dirons encore,

Nous qui des temps futurs portons au front l’aurore,

Parce que nos esprits, peut-être pour jamais,

De l’adversité sombre habitent les sommets ;

Nous, les absents, allant où l’exil nous envoie ;

Nous, proscrits, qui sentons, pleins d’une douce joie,

Dans le bras qui nous frappe une main nous bénir,

Nous, les germes du grand et splendide avenir

Que le Seigneur, penché sur la famille humaine,

Sema dans un sillon de misère et de peine.

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